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Actualités Blu-ray/DVD Akira Kurosawa : de Gorki aux thrillers sociaux en TohoScope…

Blu ray Kurosawa Bas fonds et autres

Note artistique globale : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)

Synopsis

Après avoir adapté Maxime Gorki dans Les Bas-fonds en 1957, sa dernière réalisation basée sur une pièce de théâtre, Akira Kurosawa, fort du succès de ses films d’aventures fonde en 1959 sa maison de production « Kurosawa Production Co. ». L’indépendance obtenue lui permet de diriger deux thrillers à caractère social, Les Salauds dorment en paix et Entre le ciel et l’enfer.

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Les Bas-fonds : Dans les bas-fonds d'Edo, vit un petit peuple de déshérités, dans un misérable logis tenu par un couple avare et impitoyable. Vols, alcoolisme, meurtres et suicide rythment le quotidien de ce taudis où aucune échappatoire n'est possible. Mais dans cette misère et cette désolation, un mystérieux vieillard va permettre pour la première fois à ces êtres damnés de croire enfin à leurs espoirs et leurs rêves…

Les Salauds dorment en paix : Un énigmatique justicier essaie de semer la discorde au sein d'une entreprise dirigée par des financiers véreux. Iwabuchi, président de cette grande société immobilière, est quant à lui sur le point de marier sa fille Yoshiko à son secrétaire particulier, Nishi. Lors du banquet, tout ne se passe pas comme prévu et plusieurs incidents se produisent…

Entre le ciel et l’enfer : Un homme d'affaires apprend que son fils a été enlevé et doit réunir l'argent de la rançon. Un choix terrible s'offre à lui lorsqu'il apprend que ce n'est pas son fils qui a été kidnappé, mais de son chauffeur.

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• Titre français : Les Bas-fonds - Les Salauds dorment en paix - Entre le ciel et l’enfer
• Titre original : Donzoko - Warui yatsu hodo yoku nemuru - Tengoku to jigoku
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1957, 1960, 1963
• Réalisation : Akira Kurosawa
• Casting : (1) Isuzu Yamada, Toshirô Mifune, Bokuzen Hidari, Kyoko Kagawa, Akemi Nigishi, Ganjirô Nakamura, Minoru Chiaki, Kamatari Fujiwara (2) Toshirô Mifune, Masayuki Mori, Kyoko Kagawa, Tatsuya Mihashi, Takashi Shimura, Ko Nishimura (3) Toshirô Mifune, Tatsuya Nakadai, Kyoko Kagawa, Tatsuya Mihashi, Isao Shimura, Kenjiro Ishiyama
• Durée : 2 h 05 mn 06 - 2 h 30 mn 54 - 2 h 23 mn 40
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : (1) 1,37/1 noir et blanc - (2, 3) 2,35/1 noir et blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 japonais
• Bonus : (1) entretien avec Charles Tesson critique et historien (67 mn 44) (2) Kurosawa s'attaque à la corruption (32 mn 36) - Dans l'ombre du guerrier, entretien avec Masahiko Kumado assistant personnel (26 mn 51) (3) Le suspense selon Akira Kurosawa (37 mn 06) - Entre le ciel et l'enfer selon Jean Douchet (14 mn 31) (1, 2, 3) copie sur DVD - livret écrit par Frédéric Albert Lévy, journaliste à Starfix (66 pages)
• Éditeur : Wild Side Video

Commentaire artistique

Les Bas-fonds Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)

Après avoir livré sa vision très personnelle de Macbeth dans Le Château de l’araignée, Akira Kurosawa décide d’adapter Les Bas-fonds que Maxime Gorki écrivit en 1902 et que le cinéaste analyse comme une étude entomologique de la condition humaine. Dans un décor fermé (le ciel est pratiquement absent de tous les plans), limité à un dortoir crasseux et à la cour dans lequel il est bâti, le réalisateur nous convie à observer les attitudes et les réactions des divers personnages imaginés par Gorki mais transposés dans le Japon des débuts du XIXe siècle. Cette modification du contexte, mieux adapté pour un tournage local, ne modifie en rien le terrible tableau que propose le dramaturge russe d’une humanité acceptant sa condition misérable au prix de l’illusion de la liberté. Illusion en effet puisque la mise en scène n’offre aucune échappatoire à ce lieu, filmé comme un huis clos, dans lequel se débat un échantillonnage peu flatteur de la société humaine réunissant un couple d’usuriers, un joueur alcoolique, un samouraï déchu, un policier, un voleur, une prostitué, etc. Kurosawa dépeint une dizaine de caractères, comme étudiés par le microscope d’un scientifique, avec leur complexité psychologique et leurs postures quasi théâtrales : cette incroyable galerie de personnalités doit autant à la qualité d’une savante mise en scène (admirablement ingénieuse malgré le caractère confiné du récit) qu’à l’excellente de l’interprétation. Chacun des comédiens a su incarner avec une rare intensité le destin pathétique de son personnage dont on retiendra, plus spécialement, une sorte de vieillard pèlerin, philosophe et compatissant, joué par Bokuzen Hidari et le joueur repenti incarné par le fidèle acteur Toshirô Mifune. Si l’humanisme cher au cinéaste parvient à s’exprimer chez certains de ces protagonistes, notamment le mystérieux pèlerin au rictus débonnaire, le tableau proposé par Gorki reste si consternant que Kurosawa finit par en souligner l’absurdité existentielle en accentuant les ressorts comiques qui culminent dans une mémorable scène finale. Parfois un peu excessif et théâtral, Les Bas-fonds, plusieurs fois adapté au cinéma, prouve par son brillant traitement qu’Akira Kuriosawa est bien un maître incontesté du 7e Art.

Les Salauds dorment en paix Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)

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En plein boom économique dans les années 60, le Japon encourage une génération d’hommes nouveaux, président de sociétés et entrepreneurs, à capitaliser un maximum de profits quelques soient les moyens employés. Sur ce thème d’actualité à l’époque, Akira Kurosawa écrit un scénario décrivant une vengeance, celle d’un employé envers les malfrats en col blanc. Quoique dramatisée sous la forme d’on polar au suspense captivant, son intrigue complexe, nourrie d’une attention approfondie à la psychologique des nombreux protagonistes du récit, propose une dénonciation de la corruption liant industriels et hauts fonctionnaires, tous profitant impunément du système. Le film s’ouvre magistralement sur une très longue séquence, volontairement théâtrale, décrivant un mariage dans le respect des codes traditionnels. Ces réjouissances masquent en réalité un drame, un enchaînement d’attitudes équivoques avec intervention policière discrète, dont fort intelligemment, Kurosawa confie aux journalistes présents à la cérémonie le commentaire explicatif destiné au public. Cette introduction, qui se clarifiera plus tard, est une des nombreuses étapes de la vengeance de Nishi, le marié joué avec classe par Toshirô Mifune, envers son beau-père, le patron de la société qui poussa son père naturel au suicide. Utilisant les mécanismes et les ressorts du drame shakespearien, la mise en scène de ce pseudo Hamlet développe les étapes du piège diabolique tendu par Nishi avec force faux spectres et retournements de situations. Utilisant avec talent les bénéfices du TohoScope et d’un casting de choix, où l’on reconnaîtra bon nombre d’acteurs familiers du maître, Akira Kurosawa, en fin dramaturge, ne se contente pas de décrire le mécanisme bien huilé de cette vengeance mais décide en cours de récit de « retourner » son héros, convaincu de la dureté de son action qui aura malmené son épouse innocente et plusieurs des complices des hauts dirigeants. Humaniste convaincu, le cinéaste ne pouvait dépeindre un héros sans émotion et défini par ses seules pulsions vengeresses, Nishi cède finalement à la pitié, un altruisme peu récompensé par une conclusion hautement cynique quoique mélodramatique. Cette diatribe de Kurosawa contre l’injustice conserve encore aujourd’hui toute la puissance d’une description nuancée ne versant jamais dans un manichéisme simplificateur. 

Entre le ciel et l’enfer Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5)

Vaguement inspiré d’un roman policier d’Edward McBrain mâtiné de Dostoïevski, le film suivant d’Akira Kurosawa poursuit son exploration des pulsions humaines et de leur moralisation. Il est question d’un chantage au kidnapping, une pratique impunie au Japon à l’époque du film, que le cinéaste déploie en trois parties : un huis clos dans la maison de la ville haute, la remise de la rançon et la description de la personnalité du kidnappeur dans la ville basse, l’enquête de police. Une fois encore Toshirô Mifune tient le rôle principal de Gondo, un homme qui va enfin créer son entreprise et se retrouve confronté au dilemme de sauver le fils de son chauffeur ou de favoriser son projet pour lequel il sacrifie toutes ses ressources ; entre ambition et pitié, Gondo n’a pas d’autre échappatoire. La mise en scène remarquable de Kurosawa débute par une très longue partie, près d’un tiers du film, dans le salon de Gondo où il joue savamment du cadre allongé du TohoScope, des mouvements de caméra et du placement quasi théâtral de ses comédiens. Ce huis clos ébouriffant symbolise manifestement l’enfermement du héros au prise avec les conséquences morales de son choix et s’achève par le plan où au petit matin, sa décision prise, il ouvre ses rideaux. Dès lors le film change radicalement de cadre : en quittant la maison de Gondo, dorénavant vue sur une hauteur de la ville, le cinéaste passe au film d’action avec son éblouissante séquence ferroviaire, filmée dans un vrai train et en extérieurs, un modèle d’habileté malgré sa complexité de tournage (cf., bonus). Délaissant momentanément son héros, Kurosawa nous entraine dans les pas de Takeuchi, l’étudiant ravisseur, qui loge dans un misérable logement de la ville du bas d’où il observe les fenêtres de Gondo. Avec ce personnage révolté très « dostoïevskien », dont on apprend la volonté de commettre un acte symbolique, le film nous plonge dans l’enfer urbain de la toxicomanie et de la prostitution, l’occasion pour Kurosawa d’user d’éclairages particulièrement suggestifs. La dernière partie du film s’apparente à un documentaire méticuleux sur le travail des policiers dont Kurosawa ne nous épargne aucun détail, passionnant et surprenant par son attention inattendue au travail des fins limiers. La séquence finale entre Gondo et Takeuchi restera mémorable : par un artifice de mise en scène, le film semble renvoyer dos à dos les deux personnages et laisse planer un doute sur les certitudes que chacun croit avoir. Magistral. 

Commentaire technique

Masters restaurés HD : belle image mais mixage sonore stéréo d’origine absent

Les Bas-fonds : copie HD détaillée, excellent contraste avec un bel étalonnage dans les nombreuses scènes en intérieurs, noirs profonds, gris homogènes ; mixage monophonique japonais clair, dynamique élevée, léger bruit de fond, pas de résonnance
Les Salauds dorment en paix : copie HD précise, excellent contraste, léger grain, noirs et blancs équilibrés, échelle de gris régulière, pas de défaut ; mixage monophonique japonais dynamique, dialogues clairs, bien équilibré mais une fois encore le mixage original en Perspecta Stereophic Sound est absent
Entre le ciel et l’enfer : copie HD bien définie, léger grain, gamme de gris équilibrée et homogène, pas de défaut visible ; mixage monophonique japonais clair sans bruit de fond ni résonnance mais où est donc passé le Perspecta Stereophic Sound d’origine dont Kurosawa faisait un usage significatif (cf., bonus) ?

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise(4/5)

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IMDb :
Les Bas-fonds : http://www.imdb.com/title/tt0050330/
Les Salauds dorment en paix : http://www.imdb.com/title/tt0054460/
Entre le ciel et l’enfer : http://www.imdb.com/title/tt0057565/

 

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