La Proie : Richard Conte et Victor Mature au meilleur de leur talent de comédien (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Lors d'un échange de coups de feu avec les forces de l'ordre, le gangster Martin Rome abat l'un des policiers. Ayant lui-même été blessé, il se retrouve sous bonne garde à l'hôpital. Le lieutenant Candella soupçonne Rome d'un autre meurtre. Or, tous les deux ont grandi à Little Italy, le quartier des immigrés italiens, et sont amis d'enfance…

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• Titre original : Cry of the City
• Support testé : blu-ray
• Genre : policier
• Année : 1948
• Réalisation : Robert Siodmak
• Casting : Richard Conte, Victor Mature, Fred Clark, Shelley Winters, Betty Garde, Berry Kroeger, Tommy Cook, Debra Paget, Hope Emerson, Roland Winters, Walter Baldwin
• Durée : 1 h 35 mn 22
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais
• Bonus : bande annonce Hollywood Legends (1 mn 59) - Le Film noir selon Robert Siodmak raconté par Antoine Sire (31 mn 14)
• Éditeur : ESC Éditions

Commentaire artistique

Ce magnifique exemple de film noir à l’américaine est dû au talent de Robert Siodmak, cinéaste d’origine allemande, exilé d’abord à Paris en 1930, puis aux USA à partir de 1941 où il réalisera ses meilleurs polars. La Proie qu’il dirige en 1948 succède à son chef-d’œuvre, Les Tueurs (1946), et précède son excellent Pour toi j’ai tué (1949). Il est adapté d’un roman d’Henry Edward Helseth par Richard Murphy et le vétéran Ben Hecht non crédité au générique. A l’instar des grands films noirs de la période, La Proie, sous la férule énergique du cinéaste, dispose d'une intrigue solide, d'un cadre urbain oppressant et d'une galerie de personnages secondaires très bien caractérisés. Le récit nous invite à observer un antagonisme irrémédiable séparant deux protagonistes à la forte stature, issus de l’immigration italienne mais ayant suivi un chemin différent : Martin Rome, le malfrat amoral incarné magistralement par Richard Conte et Candella le policier solidement campé par Victor Mature. Leur affrontement manichéen, suivant deux destinées parallèles, est splendidement filmé par Lloyd Ahern dans le quartier newyorkais de Little Italy qu’il s’ingénie à sublimer de magnifiques éclairages tranchés au remarquable noir et blanc quasi expressionniste. Ce tournage principalement en extérieurs confère un naturalisme saisissant qui accroit la tension et la violence liées au gangster Martin Rome, le héros négatif mais fascinant de cette tragédie urbaine. La réalisation maitrisée recherche une efficacité maximum en dépit d'un discours prafois moralisateur et de quelques dérives romanesques sans enjeu mais qui permettront de découvrir deux jolies débutantes, Debra Paget et Shelley Winters. La qualité du film ne tient cependant pas qu’à l’intrigue et Robert Siodmak sait donner de la consistance à ses personnages secondaires : la famille italienne du truand, soudée et profondément religieuse, l’avocat indélicat, le collègue policier, etc. Mention particulièrement à Hope Emerson qui compose Rose Given, une femme déterminée et singulièrement menaçante par sa massivité. Tout ce petit monde, fermement dirigé par le réalisateur, s’agite dans l’univers très codifié du genre ; sans égaler les chefs-d’œuvre du film noir, La Proie possède néanmoins quelques séquences admirables qui justifient sa vision, notamment celles de l’hôpital et celle du « duel » final nocturne sur les trottoirs de la cité. Construit sur un dilemme difficilement acceptable, admirer plutôt le truand à la personnalité fascinante que le policier engoncé dans sa mission de justice, ce polar est un petit bijou de rythme narratif et d’habileté formelle qui confirment la maestria de Robert Siodmak, un des maîtres indiscutables du film noir.

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Commentaire technique

Image : copie HD, nouveau master dépoussiéré, superbe image à la définition excellente, contraste maitrisé respectant les éclairages originaux, noirs profonds, blancs nuancés, échelle de gris très bien équilibrée

Son : mixage monophonique anglais dynamique, dialogues clairs, bel équilibre avec les ambiances, pas de distorsion ni de bruit de fond