L’Apparition : enquête sur l’authenticité d’une vision (en Blu-ray, DVD et VOD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Jacques, grand reporter pour un quotidien français, reçoit un jour un mystérieux coup de téléphone du Vatican. Dans une petite ville du sud-est de la France, une jeune fille de 18 ans a affirmé avoir eu une apparition de la Vierge Marie. La rumeur s'est vite répandue et le phénomène a pris une telle ampleur que des milliers de pèlerins viennent désormais se recueillir sur le lieu des apparitions présumées. Jacques, qui n'a rien à voir avec ce monde-là, accepte de faire partie d'une commission d'enquête chargée de faire la lumière sur ces événements.

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• Titre original : L'Apparition
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 2018
• Réalisation : Xavier Giannoli
• Casting : Vincent Lindon, Galatéa Bellugi, Patrick d'Assumçao, Anatole Taubman, Elina Löwensohn, Claude Lévèque, Gérard Dessalles, Bruno Georis, Alicia Hava, Candice Bouchet
• Durée : 2 h 17 mn 57 s
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 5.1 français
• Bonus : essais de Galatéa Bellugi (10 mn 03) - focus sur le projet d’association « Lumière à Zaatari » (2 mn 11)
• Éditeur : Francetvdistribution

Commentaire artistique

Écrit et réalisé par Xavier Giannoli, L’Apparition, son septième long-métrage, traite de l’imposture, un thème sans cesse répété dans son œuvre et qu’il initie dès 2006 dans son film Quand j’étais chanteur puis qu'il illustre avec brio dans A l’origine en 2009 et qu’il décline ensuite avec Superstar (2012) et Marguerite (2015). Dans son nouveau film, le sujet est encore plus pertinent puisque toute l’intrigue tourne autour d’une question cruciale : est-ce que la jeune Anna a réellement été le témoin d’un miracle ? Il est en effet question de religion, de foi et de croyance, autant de pistes potentielles sur la mystification et l’innocence. Très intelligemmen,t Xavier Giannoli oppose à cette jeune fille très convaincante, incarnée par la remarquable Galatéa Bellugi, le tempérament apparemment cartésien de Jacques, journaliste revenu de mission et traumatisé (psychologiquement par la perte de son collègue et physiquement par des troubles auditifs), interprété avec une belle sensibilité par Vincent Lindon. Ce n’est pas la seule fracture du récit puisque les esprits religieux locaux (curés, sœurs, illuminés mystiques) défendent la voyante Anna contre la commission d’enquête envoyée par le Vatican. Extraordinairement documenté, le film a toute la crédibilité d’un documentaire et toute l’habileté fictionnelle désirée, un plaisant cocktail qui le rend captivant jusqu’au dénouement final. Au centre de cette intrigue, au suspense digne d’un bon polar, ce sont surtout les personnalités d’Anna et de Jacques qui monopolisent l’intérêt, le cheminement du sceptique au cours de l’enquête chez l’un et la troublante ambiguïté de la jeune voyante chez l’autre. La réflexion sur la foi induite par cette confrontation, avec la scène culminante de l’interrogatoire, est tout à fait intéressante d’autant que le réalisateur évite de prendre parti, peut-être exagérément mais avouant vouloir s’affranchir de tout dogmatisme, et nous soumet un récit qui tient plus de l’observation que de l’étude approfondie du mysticisme. Superbement filmé dans la région de Gap par Éric Gautier et splendidement conclu en Jordanie dans le gigantesque camp de réfugiés de Zaatari (cf., bonus) puis à la porte d’un château du désert, Qasr Amra, L’Apparition est une étonnante interrogation sur la sincérité et sur le mystère entier de la foi. S’appuyant sur une enquête si rigoureuse que le récit réussit à transcender la fiction et porté par l’incroyable connivence d’interprétation de Vincent Lindon et de Galatéa Bellugi, ce film aborde sans trancher les deux explications de l’apparition mariale, celle de la trivialité de la preuve et celle du mystère de la croyance. Passionnant.

Commentaire technique

Image : copie HD, excellente définition, maîtrise du contraste, étalonnage réaliste, colorimétrie naturaliste aux teintes nuancées et tons modulés

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Son : mixage français 5.1 ouvert et dynamique, dialogues centrés clairs, spatialisation aux ambiances réalistes bien réparties sur les surrounds (machines, véhicules, foule des pèlerins…), très belle mise en avant de la musique faite d’emprunts à Monteverdi, au lithuanien Arvö Part, à l’islandais Jóhann Jóhannsson plus le morceau «Stellaire» écrit par Georges Delerue