La Grande combine : l'art de la comédie décapante selon Billy Wilder (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Harry Hinkle, caméraman de télévision, est heurté par un arrière de 110 kilos alors qu'il filme un match de football américain. Il est transporté à l'hôpital où il apparaît qu'il ne présente aucun traumatisme. Mais son beau-frère, avocat sans scrupule, lui conseille de jouer les paralysés afin d'obtenir des dommages et intérêts…

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• Titre original : The Fortune Cookie
• Support testé : blu-ray
• Genre : comédie dramatique
• Année : 1966
• Réalisation : Billy Wilder
• Casting : Jack Lemmon, Walter Matthau, Ron Rich, Cliff Osmond, Judi West, Lurene Tuttle, Harry Holcombe, Les Tremayne, Lauren Gilbert
• Durée : 2 h 05 mn 42 s
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,35/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français
• Bonus : conversation entre les journalistes Olivier Macheret, « Le Monde », et Frédéric Mercier, « Transfuge » (2018, 32 mn 14) - I.A.L. Diamond / Billy Wilder, écrire à quatre mains, Part. 2, suite de l’entretien avec Paul Diamond (2018, 19 mn 43) - film annonce (2 mn 36) - livret « Numerus Clausus » sur le tournage du film par Marc Toullec (28 pages)
• Éditeur : Rimini Éditions

Commentaire artistique

Si on aime l’humour caustique dont il est passé maître et malgré un titre français qui ne rend pas justice à l’élégance de son film, La Grande combine de Billy Wilder est un véritable bijou cinématographique et la première rencontre du duo inénarrable formé par Jack Lemmon et Walter Matthau, tous deux grands fans de football américain ! Stupéfait par l’échec de son précédent opus Embrasse-moi, idiot !, sapé par les ligues américaines bien pensantes, Billy Wilder pense réaliser La Vie privée de Sherlock Holmes mais la préparation du film étant plus ardue que prévu, il décide de mettre en chantier La Grande Combine dont il coécrit le scénario avec I.A.L. Diamond à partir d’une idée suggérée par un accident réel de terrain, dont il fut le témoin sur son poste de télévision. Le script prévoit deux protagonistes principaux, le cameraman faussement accidenté, Hinkle, et son beau-frère avocat véreux Gringrich : si le casting du premier est d’évidence l’acteur fétiche Jack Lemmon, celui du second n’est pas manifeste mais finalement Jack Lemmon conseillera, avec justesse, d’engager un acteur de talent jusque-là cantonné à des rôles sérieux, Walter Mathau. Ce dernier indiquera plus tard que ce film lança réellement sa carrière au cinéma et que son rôle surpassait celui de Lemmon ! Effectivement, à la vision de cette comédie implacable qui n’épargne aucun de ses personnages excepté le footballeur noir « Boom Boom Jackson », le rôle de l’avocat fielleux, façonné sur le caractère de Billy Wilder selon Walter Matthau, focalise l’attention et ne cesse de déclencher les rires un peu jaunes de cette farce impitoyable. Le film faillit se terminer sans l’acteur, celui-ci étant victime d’une crise cardiaque à la moitié du tournage mais de retour, amaigri, il offrit une prestation admirable et nuancée qui lui vaudra l’Oscar du second rôle masculin ! Tandis que Jack Lemmon, quoiqu’en retrait, se révéla parfait comme à l’habitude (quel maestro de la chaise roulante !), et qu’un autre acteur familier, Cliff Osmond, interprétait une parodie de détective privé, Billy Wilder confia à deux inconnus les autres rôles secondaires, Judi West, une jolie blonde qui incarne la femme vénale de Hinkle, et Ron Rich, jouant le footballeur fautif. Partiellement filmé dans le stade de Cleveland pour les extérieurs et dans quelques décors de studio, La Grande combine est photographié en Scope par l’habituel directeur photo, Joseph Lashelle, et en noir et blanc à la grande satisfaction de Billy Wilder (qui place deux fines allusions au Technicolor durant la filature), adepte d’une image sans afféterie, sobrement efficace. Si le film ne remporta qu’un demi-succès à sa sortie, cette comédie sans fard sur le pouvoir de l’argent est très caractéristique du cinéma décapant de Billy Wilder. Le cinéaste n’avait pas son pareil pour user de la caricature la plus féroce et pour déclencher le rire grâce à un savant usage de répliques cinglantes, qui fusent à chaque plan, et du profond cynisme de ses personnages.

Commentaire technique

Image : copie HD, nouveau master, assez belle définition globale et parfois un excellent piqué sur les gros plans, texture (grain) discret de pellicule, bonne gestion du contraste, noirs profonds, échelle de gris régulière et nuancée, image sans défaut particulier, belle compression

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Son : mixage monophonique anglais, clair et équilibré, sans distorsion ni bruit de fond appuyé ; VF claire mais ancienne et moins convaincante, ne pouvant se substituer aux intonations des stars américaines