Skip to main content
PUBLICITÉ

Jacques Rivette La fiction au pouvoir en trois films : Duelle - Noroît - Merry-Go-Round (en Blu-ray et DVD)

Blu ray Coffret Rivette 00

Note artistique globale : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)

Synopsis

Les trois films restaurés en HD de ce coffret constituent les éléments d’une tétralogie imaginée par Jacques Rivette en 1975 « Scènes de la vie parallèle » dont il tourne en 1976 deux chapitres, Duelle (Une Quarantaine) et Noroît (Une Vengeance) qu’il complètera en 1981 avec Merry-Go-Round.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Duelle (Une Quarantaine) : Viva et Leni, filles du Soleil et de la Lune, convoitent toutes deux une pierre magique qui leur permettrait de rester sur Terre, perdant par là leur immortalité. Pour cela, elles vont s'affronter dans Paris, entraînant plusieurs humains dans leur lutte : Lucie, réceptionniste dans un hôtel, son frère Pierre, acrobate, et Elsa/Jeanne, ticket-girl dans un dancing…

Noroît (Une Vengeance) : effondrée, Morag découvre le corps sans vie de son frère Shane sur une plage et jure de venger sa mort. Celui-ci a été tué par la terrible Giulia qui règne d'une main de fer sur une bande de pirates habitant le château de l'île. Morag engage son amie Erika pour espionner la troupe avant de se faire elle-même recruter comme garde du corps de la chef des pirates…

Merry-Go-Round : un homme et une femme se rencontrent dans un hôtel près de l'aéroport de Roissy car ils ont tous deux reçu un télégramme d'une certaine Elisabeth les conviant à ce mystérieux rendez-vous. Ils font connaissance : l'Américain Ben est un ami de la jeune femme tandis que Léo n'est autre que sa sœur cadette. Sans nouvelles d'Elisabeth, Ben et Léo vont partir à sa recherche. Mais lorsqu'ils la retrouvent enfin, celle-ci se fait kidnapper sous leurs yeux…

LA SUITE APRÈS LA PUB

• Titre original : Duelle (La quarantaine) - Noroît (La vengeance) - Merry-Go-Round
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame, comédie dramatique
• Année : 1976, 1976, 1981
• Réalisation : Jacques Rivette
• Casting : (1) Juliet Berto, Bulle Ogier, Jean Babilée, Hermine Karagheuz, Nicole Garcia, Claire Nadeau, Elisabeth Wiener, Jean Wiener (2) Bernadette Lafont, Geraldine Chaplin, Kika Markham, Babette Lamy, Elisabeth Lafont, Danièle Rosencranz, Humbert Balsan, Larrio Ekson (3) Maria Schneider, Joe Dallesandro, Danièle Gégauff, Sylvie Meyer, Françoise Prévost, Maurice Garrel, Michel Berto, Hermine Karagheuz, Fréderic Mitterrand, Barre Philips et John Surman (musiciens)
• Durée : 2 h 00 mn 43 - 2 h 14 mn 40 - 2 h 40 mn 20
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1 - 1,85/1 - 1,37/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 1.0 monophonique (1, 2) français, (3) anglais
• Bonus HD de Duelle : Jacques Rivette à propos du cycle Scènes de la vie parallèle, première partie (1990/2008, 22 mn 39) - souvenirs de Duelle par Bulle Ogier et Hermine Karagheuz (2015, 10 mn 59)
• Bonus HD de Noroît : Jacques Rivette à propos du cycle Scènes de la vie parallèle, seconde partie (2004/2008, 29 mn 03)
• Bonus HD de Merry-Go Round : Un film fantôme, Stéphane Tchal Gadjieff à propos de Jacques Rivette et Histoire de Marie et Julien (1975) (2004/2018, 21 mn 51, réalisation Robert Fischer) - bande annonce 2018 (1 mn 51)
• Éditeur : Carlotta Films

Commentaire artistique

Duelle (Une Quarantaine) Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)

Critique, puis rédacteur en chef des « Cahiers du cinéma », Jacques Rivette passe derrière la caméra en 1958, connaît la renommée avec le « sulfureux » Suzanne Simonin, La Religieuse de Diderot en 1966 et affute son style reconnaissable à l’extrême durée de ses longs-métrages, de Out 1 : Noli me tangere (1972) à Céline et Julie vont en bateau (1974). Cinéaste de la Nouvelle Vague, il cultive une approche personnelle marquée par l’expérimentation et l’équivoque produite par l’interaction entre l’action et la réflexion. Duelle n’échappe pas à cette démarche fondée sur une quasi absence de scénario qui laisse libre cours à l’improvisation des dialogues comme à celle des déplacements des comédiens. Inutile de le préciser, le résultat à l’écran déconcerte, entre la langueur des mouvements et l’allongement extrême des plans, l’incompréhension d’une intrigue passablement embrouillée et la théâtralité de l’interprétation. Duelle (La quarantaine) constitue l’épisode n° 2 (le n° 1, L’Histoire de Marie et Julien ne sera tourné qu’en… 2003 : cf., bonus) d’une tétralogie intitulée « Les Filles de feu », puis rebaptisée « Scènes de la vie parallèle » dans laquelle le réalisateur se lançait le défi de tourner quatre films en une année (1975) et se proposait de lier le romanesque et le féerique. Et, en effet, Duelle nous plonge dans une histoire délirante fleurant le fantastique et l’irrationnel mais qui se révèle très vite si énigmatique que le spectateur le plus assidu est sûr d’y perdre son chemin et se doit d'oublier les codes traditionnels de la narration : lassant, voire exaspérant, le cinéma de Jacques Rivette n’est pas fait pour satisfaire le plaisir simple du divertissement linéaire. Au cœur du labyrinthe narratif que constitue le vague scénario de Duelle, il faudra se laisser porter par le jeu affecté des interprètes avec les actrices familières de cet univers, Juliet Berto et Bulle Ogier, mais aussi les remarquables Hermine Karagheuz et Nicole Garcia, et le déroulement abscons d’un récit décalé faisant fi de toute logique en se permettant d’emprunter certaines facilités des films de genre. Fort bien filmé et éclairé par son chef-opérateur fétiche, William Lubtchansky, mis en musique par Jean Wiener improvisant au piano à l’écran, Duelle, entre déconstruction du récit et montage déstructuré, témoigne d’un cinéma d’auteur difficilement accessible mais néanmoins fascinant pour peu qu’on veuille se soumettre à ses règles.

Noroît (Une Vengeance) Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile griseetoile grise(3/5)

LA SUITE APRÈS LA PUB

Second film (mais épisode n° 3) de sa tétralogie « Scènes de la vie parallèle », Noroît (Une Vengeance) a été réalisé par Jacques Rivette en 1976 en s’inspirant de la pièce « La tragédie du vengeur » écrite par Cyril Tourneur en 1607. Le cinéaste réorganise les scènes qu’il regroupe à sa guise en cinq actes (annoncés par un carton) et insère des plans des frères Jean et Robert Cohen-Solal qui improvisent en direct la musique. Sur le thème de la vengeance et de pirates au féminin, Noroît (Une Vengeance), splendidement filmé en Bretagne par William Lubtchansky, conjugue l’action la plus classique, avec duels d’escrimeur et meurtres en série, à la déclamation passablement empruntée de tirades théâtrales affectées issue du dramaturge anglais. Certainement moins créatif que Duelle mais sans doute plus « limpide », encore que le style de Jacques Rivette ne facilite pas toujours la compréhension par son montage abrupt et son mixage parfois étonnant (bruit des vagues couvrant les voix), Noroît (Une Vengeance) témoigne de son époque avec ses costumes rutilants et ses bijoux clinquants témoins des années hippies. Comme Duelle, ce film, à prépondérance féminine, met en valeur les improvisations des actrices, Bernadette Lafont, Kika Markham et Geraldine Chaplin, mêlant la fluidité de mouvements chorégraphiés au baroque de rires intempestifs. Longtemps invisible, ce film superbement restauré est enfin visible dans une copie digne d’éloge.

Merry-Go-Round Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)

Complétant la tétralogie « Scènes de la vie parallèle » jamais achevée, Merry-Go-Round n’était pas le préféré de son auteur qui le réalisa dans des conditions difficiles (Maria Schneider malade était imprévisible) quelques années après un sévère burn-out et à une époque gagnée par la morosité économique. Il est question d’une rencontre contrainte par une absente, Elisabeth (Danielle Gégauff) et acceptée par Léo, Maria Schneider, et Ben, Joe Dalessandro (acteur de Paul Morrissey choisi par Maria Schneider), couple filmé par William Lubtchansky qui s’ingénie à rendre photogéniques les demeures et les séduisants décors naturels (dunes, foret) visités au cours d’une sorte d’enquête de détective. Comme à son habitude et avec un montage anti-narratif, Jacques Rivette sème le trouble et distance très vite ses spectateurs au gré d’une histoire ponctuée de machinations et de mystères passablement déroutants. À l’instar des deux autres films de la tétralogie, la musique est frontalement montrée et tient un rôle à part entière dans le récit où apparaissent (dès l’ouverture) les musiciens Barre Phillips et John Surman en train d’improviser. Le cinéma de Jacques Rivette déstabilise transformant le réalisme en fantasmagorie par la destruction systématique des repères dramatiques et narratifs : sous ses dehors naturaliste, Merry-Go-Round n’est qu’un prétexte de film d’aventures où toute réalité s’abîme en chaos, par la grâce d’une interprétation diffuse en partie improvisée et d’un montage excessivement surprenant. Quelques plans baroques et abstraits achèvent de singulariser ce film intrigant plus proche de l’expérimentation que de la simple illustration d’une triviale course au trésor : du Rivette à l’état pur.

 

LA SUITE APRÈS LA PUB

Blu ray Coffret Rivette

Commentaire technique

Tous ces films ont été restaurés en 2K par Technicolor pour Sunshine avec le soutien du CNC

Duelle

Image : copie HD, bonne définition, image propre sans défaut, contraste variable mais image souvent sombre manquant d’éclat, étalonnage naturaliste n’excluant pas certains éclairages artificiels, colorimétrie nuancée réaliste
Son : mixage français monophonique clair, dialogues et ambiances bien équilibrés, énergie sur la musique (impros de Jean Wiener au piano), pas de distorsion

Noroît

Image : copie HD, très belle copie à la définition irréprochable, excellent contraste pour un étalonnage lumineux, colorimétrie naturaliste aux tons nuancés, palette chromatique subtilement réaliste
Son : mixage monophonique français, très dynamique, bien équilibré, dialogues clairs (bien que pas toujours évident avec le bruit des vagues), pas de distorsion ou de souffle

Merry-Go-Round

Image : copie HD, splendide restauration avec une définition remarquable, un contraste bien maitrisé, étalonnage naturaliste, colorimétrie réaliste aux teintes nuancées sans dominante, pas de défaut
Son : mixage anglais monophonique, clair, sans distorsion, bien équilibré, excellente dynamique notamment sur les séquences avec les deux musiciens

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise(4/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)

IMDb
Duelle : https://www.imdb.com/title/tt0074443/
Noroît : https://www.imdb.com/title/tt0074974/
Merry-Go-Round : https://www.imdb.com/title/tt0085934/

 

Coffrets Blu-ray et DVD disponibles sur Amazon



Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


PUBLICITÉ