Pourquoi Qobuz a-t-il abandonné le MP3 ? Est-ce vraiment une bonne idée ?
Il y a environ un mois, la plateforme de musique dématérialisée française Qobuz a annoncé son abandon total du MP3 pour ne proposer que du streaming de qualité Hifi non compressée. Qobuz réaffirme ainsi sa position de défenseur de la musique de qualité, non compressée. Au passage, la plateforme se présente également comme défenseuse des artistes et de leur œuvre. Pour autant, cette position jusqu’au-boutiste soulève quelques questions.
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Qobuz a choisi une date symbolique, la veille de la fête de la musique, pour annoncer l’abandon total du MP3. Ainsi la plateforme ne laisse-t-elle plus le choix aux utilisateurs : qu’ils écoutent de la musique en streaming ou en téléchargement, sur Qobuz, ce sera de la haute qualité ou rien.
Qobuz défenseur du son de qualité et des artistes
L’objet du communiqué de presse envoyé au moment de l’annonce était « Ecouter de la ‘’bonne musique’’ c’est avant tout respecter la qualité du son ». Selon le spécialiste français de la musique dématérialisée, « la résolution en MP3 délivre une expérience dégradée du son dans laquelle la qualité audio est sacrifiée au profit de la réduction de la taille des fichiers ».
Au passage, Qobuz s’affirme l’ardent défenseur des artistes. La plateforme a toujours encouragé l’abonnement au streaming et le téléchargement musical payant, qui constituent un moyen de rémunérer les ayants-droits de manière juste.
À travers son annonce d’arrêt du MP3, Qobuz avance ainsi un autre argument consistant à dire que la musique non compressée respecte les artistes et leur œuvre, délivrant tous les détails d’un enregistrement.
Qualité CD ou Hi-Res uniquement
Qobuz supprime ainsi totalement le MP3 de son offre. Désormais, deux abonnements sont disponibles : Hi-Fi (streaming en qualité CD à 19,99 € par mois) et l’offre Studio (streaming en qualité Hi-Res, à 24,99 € par mois). Le troisième abonnement, Sublime+ (299,99 € par an), propose du streaming Hi-Res à l’année, ainsi que des téléchargements à prix réduits, également en haute définition.
Ainsi le MP3 a-t-il totalement déserté le catalogue de Qobuz, ce qui n’est pas totalement une surprise ; cette évolution était même attendue. Si ce choix a du sens pour les audiophiles bien équipés, il soulève tout de même quelques questions.
Des offres moins démocratiques
D’abord, en limitant son offre à du streaming et du téléchargement de haute qualité, Qobuz prend le risque de se couper d’une partie des consommateurs de musique dématérialisée. La précédente offre Premium, plus accessible financièrement (à 9,99 € par mois) n’existe effectivement plus. Les fans de musique qui étaient prêts à se contenter de musique compressée et ceux qui n’ont pas l’envie ou les moyens de débourser 10 euros supplémentaires par mois (un budget non négligeable à l’année) se tourneront ainsi systématiquement vers les plateformes concurrentes proposées par des géants tel que Spotify, Deezer ou Apple Music.
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Quelques inconvénients et une croix sur l’aspect écologique ?
La qualité audio défendue avec ardeur par Qobuz présente en effet des avantages qu’il n’est plus à démontrer pour un public audiophile, en particulier pour les utilisateurs équipés de matériel de qualité, sur lequel la différence entre un morceau en MP3 et un titre en qualité Hi-Res se fait entendre.
En revanche, il en va autrement pour les possesseurs d’appareils audio grand public ou d’entrée de gamme. De même, pour les amateurs de musique en balade, avec de nombreux casques sans fil, la qualité Hi-Fi ne fera souvent aucune différence.
Et c’est sans compter les inconvénients pratiques et écologiques qui s’y ajoutent : écouter du son en qualité Hi-Res consomme bien plus d’énergie, nécessite de l’espace de stockage et du débit réseau. À l’heure où l’on s’interroge sur le flux réseau consommé par les plateformes de streaming vidéo, où la future 5G est pointée du doigt par la Convention Citoyenne pour le climat (qui demande un moratoire en attendant les évaluations sur la santé et sur le climat), le choix de Qobuz interpelle.
Plutôt qu’adopter cette position élitiste, la plateforme française aurait tout à fait pu continuer à proposer une offre MP3 en la présentant comme une alternative écologique. Pas en accord avec son discours de respect de la musique et de supériorité de la qualité Hi-Res ? Pourtant, cette position ne date pas d’hier et Qobuz proposait bien du MP3 il y a un peu plus d’un mois…
Vidéo de Qobuz, diffusée à l'occasion de son annonce
Mise à jour du 28 juillet 2020 :
Suite à la publication de cet article, Qobuz a désiré apporter quelques précisions. Voici son message :
"L’arrêt de l’offre MP3 correspond à notre volonté de donner accès à nos clients à la meilleure qualité d’écoute possible. Néanmoins, en fonction des contraintes liées aux contextes d'usages des utilisateurs, la qualité MP3 peut s’appliquer. Les utilisateurs peuvent ainsi continuer à importer ou streamer en qualité MP3 s'ils le souhaitent ou lorsque leur connexion offre moins de bande passante.
Nous souhaitons par la même occasion souligner un autre point de différentiation de Qobuz : la qualité unique de notre contenu éditorial. Nos contenus sont rédigés par une équipe d’experts, rassemblant plus de +300 000 critiques d’albums dont plus de 77 000 exclusifs."
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Commentaires (0)