Théâtre : Bertolt Brecht - Têtes rondes et Têtes pointues
© Anne Nordmann
Mise en scène de Christian Rauck
au Théâtre Gérard Philipe
Centre dramatique national de Saint-Denis
du 10 janvier au 6 février 2011.
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Bien qu’endossant les allures d’un conte, la pièce qui se déroule dans un pays nommé Yahoo pourrait facilement rappeler l’Allemagne des années vingt en proie à de nombreux troubles sociaux.
Déjà dans l’ombre, commencent à émerger les monstres qui la feront basculer dans l’horreur. Bertolt Brecht, en fin psychologue, fait s’affronter deux entités nettement identifiables : celle des grands propriétaires prêts à tout pour conserver et même amplifier leurs privilèges et celle des fermiers qui subissent l’oppression de ces derniers. Avec une férocité et une ironie cinglante, Bertolt Brecht va très loin dans cette parabole qui fustige tout aussi bien le racisme que la gloutonnerie insatiable d’un capitalisme dévastateur. Christian Rauck, qui possède déjà à son actif une pièce de Brecht, « Le Cercle de craie caucasien », montée au Théâtre du Soleil, aborde la pièce « Têtes rondes et Têtes pointues » avec un sens aigu de la distanciation en faisant appel à des comédiens masqués, ce qui permet une lecture au second degré de la pièce et rend encore plus perceptibles les intentions de Bertolt Brecht, usant de l’ellipse et de la moquerie pour mieux dénoncer la terreur et l’intolérance d’une société soumise à la loi unique du profit. Côté comédiens, une sobriété exemplaire : Myriam Azencot, Emeline Bayart, Juliette Plumecocq-Mech, Camille Schnebelen, Marc Chouppart, Philippe Hottier, Jean-Philippe Meyer, Marc Susini et Alain Trétout incarnent parfaitement leur personnage avec une justesse et un engagement très convaincants. Autre facteur significatif et non négligeable de cette mise en scène signée Christian Rauck : la musique originale due à Arthur Besson, sans oublier les assez remarquables costumes réalisés par Coralie Sanvoisin, les impressionnants masques et objets étant dus à Judith Dubois.
Bien que se terminant le 6 février 2011 au Théâtre Gérard Philipe, cette pièce de Brecht plutôt méconnue sera reprise du 15 au 20 février 2011 au Théâtre national de Toulouse, du 5 au 15 avril au Théâtre du Nord : Théâtre de l’Idéal Tourcoing, le 29 avril au Théâtre Jean Vilar de Suresnes et du 3 au 7 mai à La Filature - scène nationale de Mulhouse.
Texte de Michel Jakubowicz
© Anne Nordmann
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