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29 degrés à l’ombre - Embrassons-nous, Folleville : deux pièces explosives de Labiche

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Mise en scène  :  Pierre Pradinas
au Théâtre de la Tempête à la Cartoucherie de Vincennes
du 10 mars au 10 avril 2011

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D’une certaine manière, Labiche dans la première pièce « 29 degrés à l’ombre » fait le procès d’une bourgeoisie avide d’argent, insatiable dans sa soif de respectabilité, mais se révélant lâche et prête à toutes les compromissions lorsqu’elle s’engage à affronter un adversaire qui l’a ouvertement humiliée et bafouée publiquement.

Dans cette perspective, le personnage de Monsieur Pomadour apparaît comme un pleutre, frappé de terreur face à sa propre hardiesse, lorsque l’ennemi auquel il va être confronté dans un duel aux conséquences incertaines, peut se révéler coriace, dangereux et éventuellement susceptible de le faire passer de vie à trépas. Le ressort comique de cette pièce prend en partie forme grâce aux caractères très dissemblables de nos deux protagonistes puisque l’un, Monsieur Pomadour, est franchement couard, peureux et vantard, alors que celui par qui le scandale est arrivé, Adolphe, incarne la pure décontraction, semblant narguer avec insolence celui qu’il a offensé.

Quant à la seconde pièce de Labiche, écrite en collaboration avec Auguste Lefranc, bien que pastichant un 17e siècle assez ahurissant et de haute fantaisie, le thème récurrent de la course aux biens, à l’argent, aux titres, s’impose rapidement même si l’action semble s‘emballer et tourner au frénétique et à l’absurde.

Pierre Pradinas qui met en scène ces deux courtes pièces de Labiche adopte un ton tranchant, volontiers incendiaire, menant pour arriver à ses fins un rythme trépidant, qui va démarrer presque de manière anodine avec les premières minutes de "29 degrés à l’ombre", mais va bientôt déraper dans le vertige et la démesure comique, induits par l’action explosive et délirante de la seconde pièce : "Embrassons-nous , Folleville".
Fallait-il encore réunir des acteurs capables d’incarner avec suffisamment d’efficacité, ces personnages sortis tout droit de l’imagination hautement débridée de Labiche. Visiblement, Pierre Pradinas a  parfaitement su relever ce défi suprême auquel chaque metteur en scène se trouve confronté : réunir l’équipe idéale de comédiens capables de donner vie à cette mécanique infernale que représente une pièce de Labiche. En effet, Romane Bohringer, Gérard Chaillou, Thierry Gimenez,  Gabor Rassov et Mathieu Rozé, semblent ne faire qu’un avec leur personnage respectif, évitant de se comporter en marionnettes comiques comme c’est souvent le cas dans certaines mises en scène superficielles concernant l’œuvre de Labiche. Notons aussi qu’un élément non négligeable s’impose dans "Embrassons-nous Folleville", c’est la qualité exceptionnelle des costumes dus à Danik Hernandez, qui eux aussi apportent ce supplément d’âme qui rend soudain tangible et presque proche ce lointain 17e siècle dans lequel se déroule cette incroyable comédie où l’hilarant, la démence semblent côtoyer dans un incessant chassé-croisé, l’irréel et le réel.

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