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Théâtre/Opéra : Le Monde de la Lune

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Photos © Accent-Tonique

de Joseph Haydn d’après la pièce de Carlo Goldoni
Paris 5ème - Théâtre Mouffetard

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C’est au théâtre Mouffetard, bien planqué au fin fond d’une double cour, bien éloignée de la bruyante et nocturne rue Mouffetard, que nous avons pu voir et entendre cet étonnant opéra de Joseph Haydn, Le Monde de la Lune, dont, nous devons l’avouer à notre courte honte, nous n’avions jamais entendu parler.

Un opéra-bouffe, plus exactement, dont l’ouverture, paraît-il, resservit pour la symphonie 63, la Roxolane. En fait, il a été traité comme un « dramma giocoso », un drame joyeux, ainsi que l’indiquait Haydn lui-même, plus que comme un opéra-bouffe. C’est Camille Delaforge, la directrice musicale, qui était au clavier du pianoforte, de fort belle façon, d’ailleurs. Le thème : Buonafede, un barbon, un vieux chnoque ou un yeuve comme on dit plutôt aujourd’hui, passionné d’astronomie, mais avare et autoritaire, se fait berner par le jeune Ecclitico, amoureux de sa fille et par Cecco, amoureux, lui, de sa servante. Ils lui font croire, grâce à une lunette trafiquée, que, sur la Lune, existent des femmes légères et court vêtues. Ils lui suggèrent qu’il est invité par l’Empereur de la Lune, et l’endorment. Il se réveille dans le jardin que le jeune Ecclitico a transformé en jardin lunaire. Complètement épastrouillé par son « voyage intersidéral », le vieux Buonafede consent à marier sa servante, que pourtant il convoitait, à l’empereur de la Lune (Cecco), ainsi que sa fille Clarice à un habitant de la Lune qui n’est autre qu’Ecclitico. Il leur donne même sa fortune. Une fois la trahison révélée, et après une colère, il pardonne, en confessant avoir été trop crédule.

L’argument de cet opéra ressortit au monde de la commedia del arte et la musique de Haydn, si elle n’est pas époustouflante, est cependant bien belle et remarquablement jouée. Les voix, en italien très correctement surtitré, sont superbes : celle du haute-contre Cecil Gallois (Ecclitico), du baryton Guilhem Souyri (Buonafede), du ténor François Rougier (Cecco), de la soprano Charlotte Dellion (Clarice) ou de la mezzo Anna Reinhold Lisetta). Leurs jeux de scène aussi, et l’intelligence de la mise en scène d’Alexandra Lacroix a été de ne jamais les laisser à ne rien faire, ce qui évite les artistes qui attendent les bras ballants leur tour de chanter, comme bien souvent. Quelques petits défauts à mon goût : Le barbon pourrait porter une perruque blanche, il ressemblerait moins au jeune homme qu’il est. Les gags sonores qui émaillent parfois la musique pourraient être aisément remplacés par des gags visuels ou lumineux qui ne perturberaient pas l’oreille, mais montreraient aussi bien comment l’esprit de Buonafede est perturbé. Les costumes pourraient être un peu plus luxueux même si, comme c’est évident, cela a été monté avec trois francs six sous. On sait bien que la culture est dans la dèche (vivement mai), mais le Monde de la Lune, s’il fascine Buonafede, ne peut pas ressembler aux Bas-fonds de Gorki, ni à l’Opéra de Quat’Sous. A part ça, ce Monde de la Lune reste un spectacle réussi, et la compagnie Manque Pas d’Airs qui, effectivement, n’en manque pas, a bien fait de ressusciter cet opéra et de mettre ainsi la musique classique à portée de tout un chacun.

www.theatremouffetard.com

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