Exposition "Splendeurs et Misères - Images de la prostitution (1850-1910)" au Musée d'Orsay (Paris)
Cette exposition est organisée par le musée d’Orsay, Paris, et le Van Gogh Museum, Amsterdam, avec le concours exceptionnel de la Bibliothèque nationale de France
Du 22 septembre 2015 au 17 janvier 2016 au Musée d’Orsay (Paris)
www.musee-orsay.fr
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Cette seconde moitié du XIXe siècle comprise entre 1850 et 1910 verra l’apparition dans Paris d’un monde souterrain, secret : celui de la prostitution. Un monde soumis à des lois implacables, transformant en simple marchandise et sans trop de remords ni scrupules le corps des femmes.
Ecrivains, poètes et surtout peintres vont s’emparer de ce thème et en constituer souvent l’essentiel de leur inspiration. Mais ce fléau est aussi inséparable d’un autre terrible allié : l’alcoolisme et quelques tableaux présents dans cette exposition vont confirmer que décidément ces deux fléaux sont amenés à cheminer ensemble, ravageant sans ménagement cette société parisienne. Bien entendu ce monde de la nuit possède ses lieux parfois sordides mais aussi ceux qui affichent un luxe clinquant destiné à attirer la clientèle la plus huppée. L’un des plus impitoyables observateurs de ce monde est certainement Degas, nous montrant quelques tableaux où de vieux messieurs de la grande bourgeoisie viennent aux entractes de Ballets s’entretenir avec leurs danseuses. Henri de Toulouse-Lautrec qui connaît comme personne ce monde de la nuit laisse aussi d’admirables pastels dédiés à ces espaces voués à la prostitution où clients et prostituées poursuivent leurs « dialogues » jusqu’à l’aube.
Si la peinture française constitue l’épine dorsale de cette exposition, un pays voisin du nôtre, la Belgique, y apparaît aussi grâce à Félicien Rops dont plusieurs œuvres marquantes figurent dans cette exposition en particulier avec une gravure en couleurs de 1896 : La Dame au cochon. L’auteur du « Cri » Edvard Munch est aussi présent avec plusieurs gravures dont « La Grosse Prostituée » de 1899, ainsi qu’un tableau : Noël au bordel (1903-1904).Georges Rouault s’intéresse lui aussi au monde de la nuit avec Les « Filles » une aquarelle datant de 1905.Georges Rouault nous offre aussi une seconde aquarelle rehaussée de pastel, datant aussi de 1905 « Eve déchue ». Dans cette exposition aux ramifications infinies un peintre célèbre ne pouvait faire autrement qu’y figurer : il s’agit de Pablo Picasso avec des œuvres exécutées au tout début du XXe siècle. Parmi celles qui sont présentes ici il faut citer les Scènes érotiques, 1902, une Caricature : maison close, 1904, La Buveuse d’absinthe (Buveuse accoudée) de 1907ainsi qu’une Etude pour les Demoiselles d’Avignon de mai 1907.On ne sera guère étonné de trouver une gravure sur bois de Maurice de Vlaminck, Au bordel, datant de 1906.Vincent van Gogh l’auteur de La Nuit étoilée est présent avec plusieurs œuvres dont deux tableaux de 1885 portant le même titre : Tête de prostituée. Toujours de Vincent van Gogh figurent également un dessin au crayon sur papier vélin : Etude pour une femme nue allongée de 1887et un tableau : Au café : Agostina Segatori au Tambourin (1887). Un autre peintre familier de la nuit parisienne est aussi présent ici avec trois œuvres significatives : Nini, danseuse aux Folies Bergère (Saltimbanque au sein nu),1907-1908,Les Jarretières violettes de 1897 ainsi que Liverpool Lighthouse de 1897. Parmi les œuvres marquantes de Henri de Toulouse-Lautrec traitant du sujet de cette exposition ,on peut admirer Monsieur Delaporte au jardin de Paris(vers 1893),Bal du Moulin de la Galette (1889) ou Au Moulin Rouge : les deux valseuses(1892).Mais il serait difficile de ne pas citer un tableau célèbre d’Edouard Manet : La serveuse de bocks (1876-1879).On ne sera guère surpris de trouver un pastel sur papier de Lucien Lévy -Dhurmer, Ophélie (Suzanne Reichenberg) confirmant l’immense talent de ce peintre dans le domaine du pastel. Enfin un tableau méconnu de Pablo Picasso datant de sa célèbre « Période Bleue » attirera à coup sûr la curiosité du public. Il s’agit de Femme assise au fichu ou La Mélancolie, datant de 1902 qui figure ici grâce au prêt du Detroit Institute of Arts. Une exposition qui à partir du thème de la prostitution réserve de très belles surprises picturales comme celle de ce Pablo Picasso méconnu, prélude à d’autres découvertes tout aussi significatives.
Texte Michel Jakubowicz