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Apollinaire, Le regard du poète au musée de l'Orangerie (Paris)

Chirico Giorgio Portrait premonitoire Apollinaire

Apollinaire, Le regard du poète, Musée de l’Orangerie, 6 avril-18 juillet 2016
Exposition organisée par les musées d’Orsay et de l’Orangerie avec le soutien exceptionnel du Centre Pompidou, du Musée national Picasso Paris et de la Bibliothèque historique de la Ville de Paris.
www.musee-orangerie.fr

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Cette exposition centrée sur Apollinaire s’attache à façonner une image donnant la dimension assez exacte que ce singulier créateur exerça sur le monde de la peinture et de la littérature de son temps.

Un découvreur de talents

Une des parties de cette exposition est tout particulièrement dédiée à la relation qu’il entretenait avec Picasso. Mais grand découvreur de talents, Apollinaire avait pressenti grâce à sa sensibilité de poète toujours en éveil, ce que des peintres tels que Matisse, Vlaminck , Chirico, Rousseau, Derain, Delaunay ou Braque apportaient dans le domaine de la peinture en ce début de siècle qui allait subir le choc de la Première Guerre mondiale. Cette exposition donne une idée assez exhaustive de l’activité de critique d’art que Guillaume Apollinaire exerça sur une période assez étendue de 1902 à 1918. Sa curiosité insatiable en faisait un idéal découvreur de talents, puisque ses liens avec le monde de la peinture se doublaient également de liens similaires contractés avec le monde littéraire. Alfred Jarry, l’auteur du Père Ubu, par son goût immodéré de la dérision et de la provocation, l’attirait également ainsi que le frère de Giorgio de Chirico, Alberto Savinio. Mais dans son ouvrage capital qu’il consacra au mouvement cubiste alors en plein essor (Les Peintres cubistes, Méditations esthétiques) il s’attacha à mettre en évidence l’importance de créateurs tels que bien sûr Picasso mais aussi Jean Metzinger, Marcel Duchamp, Francis Picabia, Albert Gleizes, Marie Laurencin, Raymond Duchamp-Villon…

Des liens avec les grands marchands d'art

Apollinaire ne se contentait pas de découvrir les nouveaux talents, il avait également tissé de nombreux liens avec les plus grands marchands d’art de son époque comme par exemple Henri Kahnweiler, Paul Guillaume et Ambroise Vollard. Organisée en sept parties distinctes cette exposition débute par « J’émerveille » rassemblant des œuvres de Jean Metzinger (L’oiseau bleu) huile sur toile de 1912-1913, Homme dans un café de Juan Gris,1912 ,ainsi qu’un bronze de Picasso :Arlequin, tête de fou de 1905. La seconde section « Un homme époque » propose une œuvre d’Apollinaire, un lavis d’encre sur papier (Paysage de sous-bois) ainsi que de nombreuses gravures et œuvres diverses de Marie Laurencin. Mais Picasso, Chagall, Marcoussis, Chirico, Delaunay, Rouveyre et plusieurs artistes anonymes figurent également dans cette section.

Des éditions originales prestigieuses

« Vitrines », une des sections à ne pas négliger dans cette exposition, contient de nombreux livres d’Apollinaire édités par différents et prestigieux éditeurs ainsi que de précieuses lettres de Picabia qui lui sont adressées sans omettre une remarquable édition des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire datant de 1917. « Le regard en liberté » pourra aisément retenir l’attention du visiteur de cette exposition par des illustrations de Picasso (Le Poussin, L’Aigle) exécutées pour Le Bestiaire ou Cortège d’Orphée de Guillaume Apollinaire, 1907. Raoul Dufy est très présent ici avec de nombreuses Mines graphite sur papier ainsi que des Xylographies. Un étrange tableau du Douanier Rousseau figure également dans cette section. Il s’agit d’un tableau aux dimensions modestes intitulé La Fabrique de chaises et exécuté vers 1897.Alfred Jarry impose son esprit burlesque et provocateur avec deux affiches : la représentation de son chef d’œuvre théâtral Ubu Roi au Théâtre de l’œuvre (1896).

« Méditations esthétiques »

Dans la section intitulée « Méditations esthétiques » figurent de nombreux chefs-d’œuvre signés par Derain, Cézanne, Braque, Picasso, Duchamp, Picabia, Léger, Delaunay, Chagall, Matisse, Dufy, Vlaminck ainsi que deux grands tableaux superbes d’un peintre un peu trop négligé aujourd’hui : Albert Gleizes. Dans la partie intitulée « Apollinaire et Picasso » figurent des photographies de Frank Gelett Burgess (Picasso dans l’atelier du Bateau- Lavoir) ainsi qu’une photographie de Picasso fixant sur la pellicule Apollinaire dans l’atelier de Picasso du 11, Boulevard de Clichy, automne 1910. Egalement visible dans cette section : L’Homme à la guitare de 1918, un tableau de Picasso, ainsi que de nombreux dessins de ce même peintre exécutés en 1905.

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De « L’Horloge de demain » à « Apollinaire et Paul Guillaume »

Autre section passionnante de cette exposition, elle regroupe de nombreux dessins de Picasso, Survage, Apollinaire, Chagall, Picabia, Larionov, Matisse ainsi qu’une Mine graphite de Jean Cocteau : Portrait de Picasso, L’Oiseau du Bénin à Rome, dédicacé à Apollinaire, mars 1917. Enfin, la section nommée « Apollinaire et Paul Guillaume » présente un nombre impressionnant de chefs- d’œuvres signés par Chirico, Matisse, Picasso ainsi que d’étonnants bois de lit sculptés de Madagascar. Tant de mondes inconnus évoqués à travers ces univers picturaux venus de différents horizons pourraient désorienter un visiteur en le déstabilisant sous un tel déferlement d’images se télescopant mutuellement. Pourtant il n’en est rien et l’œil du visiteur sort de cette exposition, ébloui et conquis par une telle profusion inespérée.
Cette exposition magnifique n’aurait pu voir le jour sans le choix judicieux de la Commissaire Générale Laurence des Cars, conservateur général et directrice du musée de l’Orangerie et de deux autres commissaires : Claire Bernardi du musée d’Orsay et Cécile Girardeau du même musée de l’Orangerie.

Texte de Michel Jakubowicz



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