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La voix est Libre : captations sonores d’un docu sur l’improvisation tourné en Tunisie, au Liban et en France

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Directement inspiré du festival du même nom, La Voix est Libre part à la rencontre des défenseurs de l’improvisation artistique en Tunisie, au Liban et en France (voir article ON Mag). Avant les derniers jours de la campagne KissKiss BankBank du documentaire, nous avons eu la chance de rencontrer Marie Clotilde Chery, preneuse de son du film, qui nous a emmené dans les ambiances sonores et musicales captées dans les festivals Irtijal de Beyrouth et El Chanti de Tunis et du Kef.

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Ingé son et membre de l’association La Cave à Son, Marie Clotilde fréquente depuis plusieurs années le Festival La Voix est Libre auquel elle a réalisé de nombreuses captations. Elle apprécie la propension des concerts de La Voix est Libre à franchir les limites, avec des sessions qui débordent souvent en durée et des artistes qui descendent jouer dans le public. Elle a recherché les mêmes ambiances sonores et musicales au Liban et en Tunisie, et nous avons rassemblé dans les paragraphes qui suivent le récit de son travail lors du tournage itinérant du documentaire La Voix est Libre.

Un micro tripiste pour capter l’imprévu

" Pour le festival La Voix est Libre, comme pour El Chanti (Tunisie) ou Irtijal (Liban), la thématique principale de l’improvisation et l’extravagance des artistes nécessite de s’apprêter à enregistrer l’imprévu. En tant qu’ingénieur du son, cela peut être assez stressant car d’un moment où les sons sont très posés, on peut soudainement passer à des cris. J’ai donc pris le parti d’enregistrer avec sur ma perche un dispositif tripiste, utilisant un micro central au centre d’un couple de micros placés en ORTF.

Je m’appliquais aussi à ne pas faire entrer trop fort la captation en stéréo pour ne pas faire péter le son si l’artiste se mettait à crier. Le choix du triposte répond aussi à la contrainte de passer, sans cesse et sans changer de matériel, de l’interview à l’enregistrement musical, et donc d’avoir un dispositif polyvalent. Pour l’enregistrement en concert, nous avions apporté des multipistes à brancher sur les consoles de l’installation, ce qui changeait tout le temps et a parfois donné lieu à un certain arrachage de cheveux. En repensant  tout cela, je remercie les nombreux assistants qui m’ont aidée sur place."

Au Liban, des enregistrements dans des lieux très chargés …

" À Beyrouth, dans le « Paris méditerranéen », les ambiances extérieures étaient hyper chargées en klaxon, en circulation, en travaux qui ne s’arrêtent jamais … Nous étions en pleine période pascale et des haut-parleurs transmettaient des chants religieux de voix féminines dans les rues. Beaucoup collent à ce genre de chose des aspects symboliques ou religieux forts, voire y donnent un aspect envahissant. Mais personnellement, quand je les enregistre, j’y vois plutôt le côté sonore et esthétique, comme pour les chants des muezzins. J’ai d’ailleurs toujours un enregistreur sur moi, un peu plus gros que celui là…

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Une autre fois, nous étions à El Raouché à Beyrouth, et Erwan Keravec s’est mis à jouer de la cornemuse face aux rochers et à la mer. Comme cet artiste le dit, faire de la cornemuse est un choix de vie, car c’est un instrument qui porte énormément et pour enregistrer, il ne faut pas se mettre trop près car ça écrase tout ! Sa musique portait tellement que des gens se sont attroupés pour l’écouter de bien plus loin, de l’autre côté d’un petit bras de mer qui entre dans la baie. "

… des lieux marqués par l’histoire et l’actualité économique …

" Dans le quartier d’Ashrafieh, nous avons eu la chance d’enregistrer des danseurs et des percussionnistes durant des performances de rue. Ils tambourinaient sur une palissade métallique qui cache un énorme chantier. Le hasard fait que nous avions rencontré le maître d’œuvre du chantier la veille, qui avait longtemps travaillé en France et qui construit maintenant un immense building qui va sûrement défigurer ce quartier … merci le savoir faire hexagonal …

Dans des ambiances plus intimes, nous avons rencontré Mazen Kerbaj et Sharif Sehnaoui, les musiciens organisateurs du festival Irtijal. Dans la maison de ce dernier, il y avait un énorme banian, un arbre dont les immenses branches retombent dans la terre et s’y enfoncent comme des racines. Ces tiges forment donc normalement un cercle autour du tronc, mais là, avec les obus tombés pendant la guerre du Liban, la forme définie par les branches de l’arbre est devenue totalement aléatoire. Sharif répétait devant le Banian, avec d’autres artistes invités pour le festival en composant avec leurs différents styles. C’était très parlant. "

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En Tunisie, une ambiance plus calme

" En Tunisie, et notamment dans le souk de Tunis où nous avons passé beaucoup de temps, les ambiances étaient plus douces et plus feutrées qu’au Liban. Même si nous avons aussi enregistré des danseurs au dessous d’un échangeur autoroutier, en pleine circulation. On a suivi beaucoup plus d’artistes qu’au Liban, parmi lesquels les Tunisiens Mounir Troudi, Allia Sellami et les rappeurs Katybon et Zinga. El Chanti (le chantier) est un festival tunisien qui a été lancé par Bartha, une ancienne stagiaire à Paris du festival La Voix est Libre, et qui l’a initié avec l’association Chantiers libres accompagnée par Blaise Merlin, le leader du festival parisien.

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Pour les concerts, nous avons récupéré les pistes sonores directement en analogique via les installations faites sur place. Au Kef, cela ne s’est pas exactement passé comme prévu car les concerts devaient avoir lieu en plein air, mais la météo nous a envoyé des seaux d’eau et nous nous sommes retrouvés dans un hangar. En attendant de faire la balance, Jörg Müller a pu faire une performance en plein air en faisant voler ses tubes métalliques, qui sonnent grâce aux frottements de l’air et parfois en se cognant. L’enregistrer en acoustique, sur le lieu au dessus de la ville, était un magnifique plaisir. Dans le hangar, c’était plutôt roots et on a retrouvé l’esprit d’improvisation et de débordement du festival « La Voix est Libre » de Paris avec un concert qui a bien duré, avec un public assez jeune … D’autres artistes ont fait des freestyles dans la rue, comme Dgiz avec sa contrebasse qui a laissé les gens bouche bée au cœur du souk de Tunis ou dans un wagon du train de banlieue « TGM ». Un peu comme avec Erwan Keravec que nous avions enregistré au Liban, il y avait de l’électro mezoued en Tunisie, un style de musique très populaire qui utilise lui aussi une cornemuse. C’était en intérieur et cette fois plus facile pour moi à enregistrer car j’ai pu récupérer le son sur la console de l’installation du concert. "

Une campagne KissKiss BankBank menée avec succès

Filmé sans aides ni subvention, avec les moyens du bord, et grâce à la forte volonté de ses créateurs, le documentaire « La Voix est Libre » vient de remplir les objectifs de sa campagne KissKiss BankBank et pourra donc voir son tournage et sa post-production terminés. Mais il est encore possible de faire le soutenir jusqu’au 10 juillet pour aider à financer un sous-titrage en anglais, le pressage du film en DVD ou sa sortie en avant première dans une belle salle de cinéma parisienne.

kisskissbankbank.com
josselincarre.com

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