Timon d'Athènes au Théâtre de la Tempête (Paris)
de William Shakespeare, traduction Jean-Claude Carrière, adaptation et mise en scène de Cyril le Grix
au Théâtre de la Tempête - Cartoucherie
du 2 mars au 2 avril 2017
www.la-tempete.fr
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Le Roi Lear et Timon d’Athènes de William Shakespeare cultivent le même thème : l’ingratitude. En effet on se souvient que dans Le Roi Lear, le souverain a naïvement cédé à deux de ses filles la quasi-totalité de ses biens. Une générosité fort mal récompensée puisqu’il se trouve réduit à la misère après avoir été chassé par ses filles, errant comme un paria dans une contrée sinistre battue par tous les vents.
Dans la pièce Timon d’Athènes donnée au Théâtre de la Tempête, il semble que la même mésaventure concerne le personnage central de cette pièce. Ayant distribué ses richesses sans compter à ceux qu’il pensait compter pour ses indéfectibles amis, Timon d’Athènes se voit un beau jour rappelé à une très dure réalité. Ses créanciers qui jusqu’à présent bénéficiaient de ses largesses, viennent un jour lui réclamer ce qu’il leur doit. Stupeur indignée de Timon d’Athènes, incapable de faire face à ces exorbitantes demandes. Il n’aura bientôt plus qu’une issue pour leur échapper : la fuite dans une contrée déserte où nul ne pourra le retrouver. Timon d’Athènes, pourchassé par d’immondes créanciers qui peu de temps auparavant s’affichaient prétendument comme ses plus fidèles et dévoués amis, va pourtant au fond de sa terrible retraite être rejoint par son fidèle serviteur Flavius qui voue à son maître un dévouement sans bornes. Flavius représente dans cet océan d’ingratitude et de félonie le seul élément positif, permettant à Timon d’Athènes de ne pas totalement désespérer de ses semblables. Timon d’Athènes va d’ailleurs se comporter avec Flavius d’une manière particulièrement généreuse puisqu’il va le récompenser largement grâce à un trésor déterré par miracle dans l’endroit sinistre où il s’est exilé. Ce qui prouve que même assujetti à une misère extrême, on peut encore exercer vis-à vis d’un honnête homme (Flavius) la plus inattendue générosité. Au total, William Shakespeare dans cette pièce d’une noirceur absolue, établit un amer constat sur une humanité scélérate, cultivant l’ingratitude et la rapacité à outrance. Seul son fidèle serviteur, Flavius , rachète une humanité proche du vautour et du serpent. Cyril le Grix auteur de la mise en scène de cette pièce de William Shakespeare a saisi avec beaucoup d’intuition les ressorts secrets de cette tragédie. Il a surtout fait appel à un acteur remarquable, Patrick Catalifo, qui a su intégrer avec conviction le rôle de Timon d’Athènes. Il en restitue avec une force peu commune aussi bien la fragilité que la détermination face à un destin aveugle et fatal. Mais le reste de la distribution est d’une très bonne tenue et assume avec brio les différents protagonistes d’une des pièces les plus pessimistes de William Shakespeare.
Texte de Michel Jakubowicz
Distribution :
Avec : Patrick Catalifo, Xavier Bazin
Philippe Catoire, Thibaut Corrion, Thomas Dewynter, René Hernandez, Maud Imbert, Jérôme Keen, Alexandre Mousset, Carole Schaal
et avec la participation artistique du studio d’Asnières-ESCA : Aksel Carrez, Ghislain Decléty, Valentin Fruitier, Thomas Harel, Jérémy Hoffman-Karp
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Musiciens : Karim Touré (percussions), Florent Hinschberger (trompette), Jon Lopez De Vicuna (saxophone ténor, baryton et flûte traversière)