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Théâtre : Tableau d’une exécution

tableau execution Lepante

de Howard Barker
mise en scène Claudia Stavisky

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avec
David Ayala, Frédéric Borie, Eric Caruso,
Christiane Cohendy, Anne Comte, Luc-Antoine Diquéro,
Philippe Magnan, Julie Recoing, Richard Sammut
avec la voix de Didier Sandre de la Comédie française

Théâtre du ROND-POINT du 10-28 janvier 2018 à 21H
www.theatredurondpoint.fr

Howard Barker, l’auteur de Tableau d’une exécution, en créant son personnage de Galactia avoue s’être librement inspiré d’un personnage bien réel puisqu’il s’agit d’Artemisia Gentileschi qui vécut de 1593 à 1652.

Lorsque la République de Venise commande à Galactia en 1571, l’exécution d’un tableau gigantesque qui doit célébrer la victoire de la Sainte Ligue sur l’Empire ottoman, les Doges sont loin d’imaginer que celle-ci va orienter cette célébration dans une direction totalement opposée à leur désir. En effet, Galactia, loin d’accéder aux choix des doges de Venise ne cherche nullement à masquer de manière servile la cruauté des combats, le fracas monstrueux des armes et les corps déchiquetés. Elle veut au contraire démontrer dans ce tableau auquel elle va s’atteler, l’horreur de la guerre, les ruisseaux de sang qu’elle engendre forcément. Bien entendu ses choix radicaux, tournant en dérision comme par bravade, la soif de gloire de la Sérénissime, déplaisent profondément à ceux qui administrent et règnent sans partage sur Venise. Galactia va payer très cher cette opposition frontale car elle va devoir affronter un redoutable personnage : Urgentino, Doge de Venise qui va s’opposer de toutes ses forces à l’optique réaliste qu’elle veut mettre en œuvre dans son tableau. L’affrontement entre ces deux personnages va tourner au désavantage de Galactia qui bientôt se retrouve au fond des sinistres prisons de Venise et ne devra son salut in-extremis qu’à l’intervention de Rivera, une critique d’art entretenant avec la Sérénissime des rapports étroits.

Au total, la pièce d’Howard Barker fait le procès d’une société terriblement rétrograde, entretenant à l’égard des femmes une suspicion et un mépris évidents. La mise en scène de Claudia Stavisky, actuelle directrice du Théâtre des Célestins à Lyon, ne manque pas de radicalité et d’audace . La metteuse en scène a aussi le rare mérite d’avoir confié le rôle de Galactia à une actrice qui trouve ici un rôle à sa mesure : Christiane Cohendy. En effet, cette dernière incarne une Galactia violente, flamboyante, se jetant à corps perdu dans un combat inégal voué d’avance à la défaite face aux forces obscurantistes qui gouvernent Venise. Mais le reste de la troupe ne démérite nullement puisque Philippe Magnan incarne un Doge redoutable prêt à toutes les ruses pour mettre un terme aux ambitions picturales de Galactia contraires aux intérêts de la Sérénissime. Il faut aussi signaler l’excellente interprétation de Frédéric Borie dans le rôle d’Ostensibile, Cardinal de Venise ainsi que la prestation impeccable de Julie Recoing dans celui de Rivera, critique d’art. Quant à David Ayala, il faut aussi saluer son interprétation du rôle du peintre Carpeta qui ne veut pas trahir l’amour encombrant de Galactia en cédant aux injonctions du doge. Enfin, il faut aussi citer Lili Kendaka, réalisant de superbes costumes. Bref, Tableau d’une exécution d’Howard Barker possède tous les atouts  d’un évènement dramatique essentiel, qui d’une certaine manière se trouve en relation directe avec une actualité brûlante concernant le droit des femmes.

Michel Jakubowicz

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