Bourrasque au Théâtre de La Tempête
Théâtre de la Tempête, Cartoucherie, Rte du Champ-de-Manœuvre, 75012 Paris
Représentations du 16 mars au 15 avril 2018
https://www.la-tempete.fr/
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BOURRASQUE
Variation sur l’Ombre de la vallée de J.M Synge
de Nathalie Bécue
mise en scène Félix Prader
avec
Nathalie Bécue,(Alice Burke)
Pierre-Alain Chapuis (Daniel Burke)
Théo Chedeville(Michaël Dara)
Philippe Smith (John)
Nathalie Bécue auteure de Bourrasque avoue s’être inspirée du poète et dramaturge John Millington Synge. Félix Prader à partir du texte de Nathalie Bécue va s’efforcer de recréer l’ambiance étrange, chaotique, effrayante qui sourd de ce texte. Il va en quelque sorte donner corps à une histoire où semble rôder une ambiance à la limite du fantastique et mettre en lumière les comportements presque forcenés, brutaux, imprévisibles des personnages qu’un hasard apparemment facétieux (ou malfaisant) a réunis dans une chaumière perdue de la lande irlandaise battue par la tempête. Il faut dire que la pièce se déroule dans un contexte peu banal, presque terrifiant puisque une femme seule, soliloque en s’adressant à un cosmos aveugle et infini, bourré de trous noirs insondables et mortels. La femme semble prendre à témoin un homme immobile, ne bougeant pas d’un cil, et dont la raideur semble vaguement indiquer qu’il est peut-être passé de vie à trépas ou qu’il feint délibérément l’indifférence absolue face aux propos tenus par la femme. Les choses pourraient en rester là, mais soudainement surgi du cœur de la tempête qui se déchaîne à l’extérieur, un inconnu réclame avec insistance malgré l’hostilité de la femme, à s’abriter dans la chaumière.
A partir de l’intrusion de cet étranger, l’action va soudainement s’accélérer et le récit s’orienter sans délai vers l’absurde, le fantastique, l’inattendu. Le récit bascule apparemment vers l’irrationnel, mais en terre irlandaise il semble à l’évidence que les apparences ne sont pas forcément conformes à la réalité et la suite du récit de Nathalie Bécue s’inspirant de John Millington Synge ne fera que rendre encore plus crédible cette impression.
La mise en scène de Félix Prader reconstitue avec une sorte de précision presque surnaturelle, étonnante, cette campagne irlandaise d’où n’importe quels fantômes peuvent impunément surgir de la nuit. Jusqu’au bout d’une nuit interminable, peuplée de terreurs sans noms, cette assemblée de personnages subira jusqu’au bout un destin fait d’incertitude balançant constamment entreespoir et désespérance. L’interprétation est remarquable en particulier celle de Nathalie Bécue, incarnant avec beaucoup d’âpreté, de passion, le rôle d’Alice Burke .Mais les trois autres protagonistes masculins sont également parfaits, donnant à leurs personnages respectifs toute l’épaisseur psychologique désirée. Un spectacle prenant, qui révèle dans toute sa profondeur l’âme irlandaise.
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Michel Jakubowicz
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