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Spectacle : Le Double d'après Fiodor Dostoïevski au Théâtre 14

Le Double Theatre14

  • Le Double, d’après Fiodor Dostoïevski
  • Adaptation et mise en scène de Ronan Rivière, en collaboration avec Amélie Vignaux
  • Avec : Ronan Rivière (Jacob Pétrovitch Goliadkine), Jérôme Rodriguez (Nikolaï Sémionovitch), Michaël Giorno-Cohen (Pietrouchka), Jean-Benoît Terral (Olsoufi Ivanovitch), Laura Chetrit (Clara Olsoufievna), Antoine Prud’homme de la Boussinière (Le Double) et Olivier Mazal au piano 
  • Du 22 novembre au 29 décembre 2018
  • Théâtre 14
    20 avenue Marc Sangnier
    75014 Paris
    www.theatre14.fr

Saint-Pétersbourg au XIXème siècle, une ville magique mais hantée par d’étranges créatures comme ce Double qui par un beau jour débarque dans la vie jusque-là sans histoire d’un modeste fonctionnaire.

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Le thème du double a toujours fasciné le monde littéraire et l’exemple le plus frappant nous vient peut-être de la troublante nouvelle d’Edgar Allan Poe « William Wilson », qui fait partie du recueil des Nouvelles Histoires extraordinaires de l’écrivain américain. Mais Franz Schubert a lui aussi abordé ce thème inquiétant, morbide, fantastique dans un lied célèbre « Der Doppelgänger » qui est l’avant-dernier lied de l’ultime cycle de Schubert datant de 1828 : le « Schwanengesang ». Ronan Rivière, qui assure la mise en scène s’emparant du conte de Dostoïevski, nous plonge dans une vision verdâtre, grise et peuplée de fantômes de Saint-Pétersbourg, qui avec ses canaux, son étrangeté, semble propice à l’apparition de personnages issus d’un espace quasi-fantastique. Le surgissement soudain dans la vie d’un fonctionnaire très effacé, timide (Jacob Pétrovitch Goliadkine), ayant pratiquement peur de son ombre, d’un être portant le même nom que lui, constitue un phénomène absolument épouvantable auquel il doit faire face coûte que coûte, sous peine d’en perdre la raison. L’individu qui vient de surgir brutalement dans son existence jusqu’à présent exempte de troubles et d’imprévu, va peu à peu par ruse le supplanter non seulement dans le ministère où il travaille, mais également dans ses projets sentimentaux orientés vers Clara Olsoufievna, qui est la fille de son supérieur Olsoufi Ivanovitch. Rapidement, sa vie se transforme en enfer puisqu’il est victime du harcèlement de son Double qui bien sûr s’est attiré à force de courbettes et diverses flatteries les bonnes grâces de leur supérieur Olsoufi Ivanovitch. Poussé vers la sortie sans trop de ménagement sous les assauts conjoints d’un trio infernal (Olsoufi Ivanovitch, Le Double, Clara Olsoufievna) totalement voué à sa perte, Jacob Pétrovitch Goliadkine va peu à peu sombrer dans la folie… Ronan Rivière, qui incarne avec maestria le rôle de Jacob Pétrovitch Goliadkine, reconstruit avec un décor réduit au minimum l’ambiance glauque, propice à tous les mystères, d’un Saint-Pétersbourg de cauchemar. Le personnage fragile, apeuré, toujours sur la défensive de Jacob Pétrovitch Goliadkine va rapidement céder face à une adversité à laquelle il est totalement incapable de faire face malgré l’assistance de son dévoué domestique Pietrouchka qu’il va finalement chasser de chez lui à regret. En ce qui concerne le reste de la distribution, elle n’appelle que des éloges, contribuant ainsi à faire de cette adaptation du récit de Dostoïevski une réussite.

Ronan Rivière, à la fois principal interprète et aussi metteur en scène de cette adaptation d’un récit de Dostoïevski, réussit son pari : ressusciter l’atmosphère inquiétante de cette ville mystérieuse (Saint-Pétersbourg) où l’impossible peut devenir réalité…

Texte de Michel Jakubowicz



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