Skip to main content
PUBLICITÉ

Théâtre : Veillée de Famille de Gilles Gaston-Dreyfus au Théâtre du Rond-Point

Veillee de famille

  • Veillée de Famille : texte et mise en scène Gilles Gaston-Dreyfus
  • Avec : Dominique Reymond (Jeanne, la petite sœur), Gilles Gaston-Dreyfus (Guillaume, l’aîné), Stéphane Roger (Yvan, le cadet) et la voix de Claude Perron (Agnès, la doctoresse)
  • Du 12 mars au 7 avril 2019, à 21 h
  • Théâtre du Rond-Point
    2 bis, avenue Franklin D.Roosevelt
    75008 Paris
    www.theatredurondpoint.fr

Règlements de comptes virant au pugilat à propos d’une veillée au ton funèbre.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Cette veillée de famille pourrait en fait s’appeler veillée funèbre car au fond de sa chambre, quelque part dans cette demeure, la mère des trois protagonistes réunis autour de cette modeste table de cuisine, agonise en silence… Le sujet de la pièce semble en fait dépasser le sujet central qui est le glissement progressif de la mère vers le trépas. C’est Jeanne, la petite sœur, qui avoue son obsession majeure : l’inéluctable approche de la mort qui va emporter dans un avenir immédiat sa mère, mais qui une fois ce travail accompli se tournera aussi du côté des survivants. Alors en attendant que la mère trépasse, les vieilles rancœurs réapparaissent au cours de la conversation. Resurgissent ainsi de vieux souvenirs enfouis sous des couches temporelles insoupçonnées. Si quelquefois le ton reste amène, comme il convient entre frères et sœurs réunis par de semblables circonstances, les dérapages font aussi bientôt irruption. Le ton de la conversation change alors brutalement de direction, laissant place à des propos soudainement chargés de haine, d’agressivité et de fureur. La place de l’absurde occupe dans ce spectacle une dimension non négligeable et se révèle lors d’une distribution de café. En effet, s’ensuit une discussion comique sur la couleur des bols servant de réceptacle à ce fameux café. Lequel des trois utilisait le bol jaune, le bol rouge ou le bol vert ? La séquence menace ainsi de tourner au surréalisme car personne ne veut céder un pouce de terrain sur la couleur du bol dont jadis il était le dépositaire absolu. Bien entendu, ces souvenirs évoqués avec force arguments sont fréquemment interrompus par l’obligation de surveiller au plus près l’agonisante qui à quelques pas de là s’apprête à quitter ce monde. Alors que le dénouement approche et que chacun va bientôt vaquer à ses propres affaires, une ultime et plutôt imprévisible engueulade a lieu entre l’aîné et la petite sœur, laissant déferler des torrents d’injures et d’obscénités incroyables. L’affrontement sera de courte durée mais laissera sans doute des traces et des blessures qui dans le futur ne demanderont peut-être qu’à réapparaître.

La mise en scène de Gilles Gaston-Dreyfus est d’une intensité fulgurante, saisissante, ne laissant en repos aucun des participants de cette veillée sinistre. La performance de Dominique Reymond est étonnante par son réalisme, sa férocité mais aussi sa bienveillance, vis-à-vis de ses deux frères. Quant à la performance d’acteur de Gilles Gaston-Dreyfus, elle est tout aussi remarquable, maniant avec délicatesse les différents états induits par son rôle (gentillesse aussi parfois teintée de fureur explosive). Stéphane Roger, qui incarne le frère cadet, est tout aussi convaincant, évoluant sans cesse entre explosion et retenue colérique. Un spectacle à ne pas rater au Théâtre du Rond-Point !

Grâce à trois acteurs chevronnés, cette rencontre entre frères et sœurs tourne à un affrontement sans merci où tout le monde y laisse des plumes. Une réussite !

Texte de Michel Jakubowicz

LA SUITE APRÈS LA PUB


Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


Théâtre du Rond-Point

PUBLICITÉ