Test Micromega M-One 150 : l’ampli Hifi français aux mille visages et au rendu sonore extraterrestre
Nous vous avions annoncé le lancement de l'ampli HiFi haut de gamme Micromega M-One 150 il y a peu. Voici le temps de l’analyse de ce surdoué, "made in France", qui comme son petit frère Micomega M-One 100, que nous avons testé il y a un an, nous a totalement enchantés. Il est annoncé comme plus puissant, c’est un fait, mais surtout il intègre la correction électro-acoustique M.A.R.S que nous avons pu essayer dans deux configurations totalement différentes et dont l'efficacité nous a réellement convaincues.
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Dans notre dernier guide Hifi 2016, nous avions décerné notre Cœur d’Or au modèle M-One 100 tant ce dernier était complet en matière de connectique tout en étant capable de reproduire la musique avec une droiture comme une rapidité surprenante : le son Micromega que nous apprécions. Il a, d’ailleurs, été salué en recevant un grand nombre de prix de la presse française et étrangère. À cette époque, nous savions déjà qu’un grand frère était en gestation, son lancement étant prévu pour cette année. C’est donc avec une certaine frénésie que nous avons reçu l’un des premiers modèles du M-One 150 sortis d'usine, non sans avoir goûté dans un premier temps et au sein des bureaux de Micromega, aux bienfaits de la correction électro-acoustique M.A.R.S dont il est doté d’origine (pour le M-One 100, elle est en option pour 1000 €). Cette expérience, nous avons pu la réitérer sur notre système habituel. La Fonction est très réussie poussant le M-One 150 à un niveau encore supérieur de musicalité.
Même ergonomie et fonctionnalités
Le M-One 150 est, comme son petit frère, non seulement très complet quant à son nombre d’entrées et d’une ergonomie très travaillée. Pour l'esthétique, c'est le cabinet Pineau & le Porcher qui en a dessiné le châssis à la fois élégant et surtout devant refléter le haut niveau de technologie de l’appareil : le pari est totalement réussi. Le coffret usiné dans un bloc d’aluminium massif peut se parer d’une multitude de finitions. Disponible en finition aluminium ou en noir anodisé dans sa version la plus simple, le M-One 150 est proposé en plusieurs finitions laquées en option, un configurateur (MCF) est disponible sur le site de la marque pour faire son choix du blanc laqué en passant par un superbe bleu ou encore un rouge du plus bel effet. Mais le futur acheteur peut aussi personnaliser son appareil avec d’autres habillages avec des matériaux tels que le cuir ou le carbone via un réseau d’artisans français.
Afin de pouvoir être utilisé à l’horizontale ou à la verticale (fixé contre un mur), le M-One 150 se voit aussi doté d’un double panneau d’affichage (devant et au-dessus) qui changent suivant son positionnement, la taille des icônes et des caractères pouvant être réglée via la télécommande, cela permet un meilleur confort de lecture, quelle que soit la distance à laquelle on se trouve de l’appareil. Pour éviter le triste spectacle des câbles et des connecteurs surtout lorsque l'appareil sera fixé contre un mur, toute la face arrière comprenant l’ensemble de la connectique est déportée vers l’intérieur de quelques centimètres.
Une belle télécommande est fournie tandis qu’une application sur iOS et Android est aujourd’hui disponible pour que cet intégré puisse piloté depuis le réseau domestique. L'appli propose notamment le streaming des radios Internet ou la lecture de fichiers musicaux depuis un disque NAS en réseau.
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Une multitude d'entrées analogiques et numériques
La connectique compte une entrée phono MM et MC (opérable par un petit inverseur), deux entrées Ligne analogiques, l’une sur RCA, la seconde sur XLR (symétrique) et juste à côté, nous avons quatre entrées pour les sources audionumériques avec une USB B asynchrone, une optique, une coaxiale et une XLR AES/EBU. Ces deux dernières sont compatibles 32 bits/768 kHz, et sont toutes les deux isolées par un transformateur galvanique. L'entrée optique, elle, monte jusqu’à 24 bits/192 kHz.
Quant à elle, l’entrée USB B classe 2 (32 bits) mets en œuvre un DSP Xmos compatible DXD et DSD. Elle est totalement isolée de l’électronique par des séparateurs numériques capacitifs et des optocoupleurs. Micromega annonce la lecture des fichiers PCM, DXD et DSD (sous DoP) jusqu’à une résolution de 32 bits/768 kHz et 11.2MHz pour le DSD. Les flux des données, numériques comme analogiques (car subissant une conversion A/D grâce à un Circus Logic CS5361) sont envoyés à un processeur SHARC Analog Device en charge également de la gestion du volume et de la correction M.A.R.S par exemple. Mais avant, une puce CPLD (Complex Programmable Logic Device) gère les horloges et le routage des données vers un SRC (convertisseur de fréquence) CT7301. La puce de conversion de tous les signaux est un modèle AKM AK4490EQ 32 bits/768 kHz.
On peut aussi noter la présence de deux entrées I2S au format HDMI. Celles-ci ne sont pas utilisables pour l'instant, annoncées comme réservées à de futurs produits Micromega.
En plus des sorties pour enceintes, dont les prises sont une exclusivité Micromega, nous avons également une sortie Pre-out par XLR et une seconde sortie, cette fois sur RCA, pour un caisson de grave (passe-bas 400 Hz). Ajoutons enfin la présence d’une prise mini-jack sur le devant de l’appareil pour l’utilisation d’un casque. Pour cette sortie ; les ingénieurs de Micromega ont déployé également tout leur savoir-faire puisqu’elle comporte un mode faisant intervenir un traitement de spatialisation fondé sur des études HRTF (Head Related Transfer Function) dit binaural qui offre une écoute beaucoup plus proche de celle que produisent des enceintes acoustiques dans votre pièce.
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Un trajet du signal totalement en symétrique
Le M-One 150 est capable de délivrer 2 x 150 watts sous 8 ohms et 2 x 300 sous 4 ohms. Le gain en puissance par rapport au M-100 est assuré par la présence de 2 transistors supplémentaires, passant de deux à quatre par canal et fonctionnant en parallèle. Ces transistors bipolaires de type ThermalTrack à diode de compensation (ON Semiconducteur) sont précédés d’autres transistors ON Semi Conductor, en l’occurrence des modèles 2SA1507/2SC3902, ce qui permet l'alimentation d’enceintes dont l’impédance descend très bas. Ces transistors sont drivés par un circuit intégré qui offre une protection lorsque la température dépasse les 150°. Les étages de puissance sont montés sur une sorte de rail traversant l’appareil de part en part. C’est en réalité un tunnel de refroidissement avec une ventilation extrêmement silencieuse donnant sur les flancs gauche et droit.
L’alimentation ou plutôt les deux alimentations ont été aussi un peu boostées par rapport au M-100 tout en comptant toujours 6 condensateurs électrochimiques de 470µF/200V et nous retrouvons toujours le principe des alimentations à découpage à résonance LLC (inductance, inductance, capacité) qui offre au-delà de leur compacité d’autres avantages, car ce type d’alimentation "recharge" beaucoup plus rapidement les condensateurs de filtrage offrant ainsi une bien meilleure dynamique. Une configuration classique ferait appel à deux transformateurs de 300VA pour le même service, ce qui dans un châssis de cette taille s’avère impossible. Comme nous le voyons, Micromega a marié une technologie traditionnelle tout en symétrique avec ses étages de puissance en Classe AB et un principe d’alimentation à découpage plus actuel afin de tirer le meilleur des deux.
M.A.R.S. : un système de correction acoustique hyper efficace
De plus, ce M-One 150 dispose nativement d’un système de correction appelé M.A.R.S qui corrigera les défauts de votre système audio grâce à trois mesures (dans l’axe, à votre position d’écoute, puis 20 cm à droite et 20 cm à gauche de ce même point). Cette correction prend en compte votre système complet, c'est-à-dire : enceintes et pièces. Elle joue sur trois critères : réponse impulsionnelle, réponse en fréquence et alignement temporel des enceintes, puis en effet, elle gomme les résonances de votre pièce sur la plage de fréquences comprises entre 20 et 350 Hz.
La mise en œuvre est on ne peut plus simple. Il suffit de brancher le microphone et de commander la correction à partir du menu de l’appareil. L’opération ne dure qu’une dizaine de minutes et change vraiment la donne. Chaque M-One 150 est fourni avec son propre microphone basé sur un modèle omnidirectionnel Daytona EMM6 (tout nouveau) qui, avant d’être livré, a subi des modifications pour être le plus efficace possible avec les deux amplis de cette série Micromega M-One. Deux types de correction sont sélectionnables depuis le menu : Auto qui limite les résonances de la pièce tout en gardant la courbe de réponse en fréquences des enceintes et puis Flat, qui elle, fait le même type de correction que la précédente, mais corrige également la réponse dans les basses fréquences. Nous avons, bien entendu, essayé les deux.
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Écoute : Bienvenu sur la planète M.A.R.S
Nous n'avons pas eu l'occasion de faire un comparatif direct entre le Micromega M-100 et le nouveau Micromega M-150. Cependant, nous y retrouvons le même caractère vif et transparent qu’embellit un aigu fin, très détaillé, et ce sans aucune coloration. Ce haut du spectre reste tout aussi soyeux et d’une cruelle précision qui fait remonter tous les détails des prises de son. Les fréquences graves que nous avions trouvées puissantes tout en ne débordant pas une seconde de leur rôle sont toujours présentes. Au fil des écoutes, il nous est même apparu que ces dernières avaient gagné en charpente et en assise, ce qui a comme effet une scène sonore encore plus ample, mais toujours aussi précise. Nous retrouvons le fameux son Micromega, un son vif et très rapide et du genre à ne pas se laisser déborder. En cela, le M-150 s’éloigne, par exemple, d’un Gato AMP-150 ou encore d’un Diablo 120 de chez Gryphon que nous pourrions comparer à des appareils à tubes pour leur suavité et leur texture des timbres. Les médiums du Micromega M-One 150 présentent néanmoins une belle nature, ce qui laisse s’exprimer dans toute leur étendue les timbres des divers instruments ou voix reproduits. Et la dynamique appuie le tout, cet ampli a une santé de fer et n’a peur de rien. Le Micromega M-150 est taillé pour aller vite et bien, tout cela sans fioritures ou effets artificiels.
Mais ce qui nous a le plus intéressés, ce sont les apports de la correction M.A.R.S que propose cet intégré. L’expérience a été faite en deux temps : une première fois dans les locaux de Micromega avec un système installé pour l’occasion et dans une pièce, à notre avis, qui présentait de nombreux défauts (un bureau), puis dans un second sur notre système et dans pièce habituelle à domicile (avec platine vinyle VPI Prime + cellule Kiseki Blue NS, câble Eterna et NAS Synology).
Nous avons comparé les résultats sans correction ou avec, en mode Auto ou Flat, et choisir celle qui nous satisfaisait le plus, en l’occurrence ce fut la position Auto. Nous avons écouté le LP de Michel Jonaz avec le fameux morceau "Le Temps Passé" de "la Ballade de Mister Swing", un enregistrement avec une remontée accidentelle de 15 dB dans le bas du spectre. Avec la correction M.A.R.S., la voix de Michel Jonaz est plus précise, plus humaine comme si elle s’incarnait bien mieux dans l’espace. La structure de l’image stéréophonique est encore mieux maîtrisée. Chaque source sonore est placée de façon bien plus rigoureuse, elle gagne en densité et en largeur. Les détails des congas ; son des peaux et de la frappe ; deviennent plus réalistes, nous y gagnons sur tous les tableaux.
Même constatation sur le morceau "Old Home Movie" de la musique du film "Arizona Dream" de Goran Bregovic. Les cloches ou autres instruments à percussion, d’un son très cristallin, apparaissent avec encore plus de précision. Les harmoniques supérieures semblent grandir, comme si elles se paraient d’une richesse bien plus grande. L’attaque et les extinctions de notes sont bien plus franches, avec en plus une mise en relief poussée à son paroxysme. Sur ce morceau, est enregistré un sous-grave assez impressionnant et bien avec la correction M.A.R.S, il peut se développer dans notre pièce dans toute sa splendeur, mais là aussi sans aucune résonance parasite. Le bas du spectre gagne donc en propreté et en netteté, à tel point qu’en revenant à la position Correction Off, ce morceau semble perdre toute sa suavité et son réalisme en matière d’image sonore.
À ce moment des écoutes, nous nous sommes demandé si la qualité de timbres restait toujours si soyeuse, si précise et ne perdait pas en naturel ? Eh bien, à l’écoute du LP d’Arvo Pärt "Tabula Rasa" qui réunit Gil Shaham et le Gothenburg Symphony Orchestra. Notre constatation fut qu’effectivement que la qualité des timbres restait non seulement inchangée (pas de coloration), mais que ces timbres gagnaient en densité et en chaleur. Alors non seulement toute la palette harmonique de l’instrument soliste est la même, mais nous y gagnons en différenciation en limpidité et dans le jeu de ce soliste. Les autres pupitres sont mieux étalés dans l’espace, l’image sonore développant une bien meilleure ampleur comme une plus bien grande densité. Les médiums sont chantants, plus charnus, ce qui ajoute une sorte de gravité et de naturel que nous apprécions particulièrement. L’énergie est plus flagrante, la rapidité plus grande, mais surtout la scène sonore bien plus consistante.
Conclusion
Micromega signe encore une fois un sans-faute sur le design, les fonctionnalités et la musicalité de son nouvel intégré. Pouvait-on imaginer autre chose en réalité ? Dans notre pièce, nos enceintes Grand Cru Horizon se sont senties parfaitement à l’aise et magnifiquement tenues. Cet ampli Hifi intégré est une réussite sur tous les plans.
Le M-One 150 décortiqué par On-Mag
Spécifications
- Puissance : 2 x 150 (8 Ω) et 2 x 300 (4 Ω)
- Distorsion DHT : < à 0.001%
- Facteur d’amortissement : sup à 500
- Rapport signal bruit :
numérique : 106 dB ; analogique symétrique : 103 dB(A) ; analogique asymétrique : 100 dB(A) ; entrée phono MM : < 75 dB(A) - Entrée analogique : 1 RCA Phono (MM et MC), 1 RCA Ligne + 1 XLR (1 MΩ)
- Sensibilité entrée analogique :
MM : 12m Vrms (47 kΩ) ; MC : 1.2mVrms (110 Ω) ; asymétrique et symétrique 1.4 VRms (1 Ω) - Dimensions : 430 x 350 x 56 mm (LxPxH)
- Poids : 9.3 kg
- Prix : de 6 200 € (noir ou aluminium) à 7 000 € (finition laquée)
Notre avis
- Qualité de fabrication : (5/5)
- Design/finition : (5/5)
- Fonctions/équipement : (4,5/5)
- Ergonomie : (5/5)
- Performances sonores pures : (5/5)
- Musicalité : (5/5)
- Intérêt : (5/5)