Cet album est l'occasion d'une étonnante découverte. La compositrice Rita Strohl n'achève-t-elle pas ses Douze Chants de Bilitis un an avant la parution des Trois Chansons de Bilitis de Debussy ! « Ces œuvres écrites en 1895 et 1898, au fond de ma vieille Bretagne, ne doivent rien qu'à la pensée qu'elles traduisent ; elles ignoraient tout du Debussysme naissant », dira-t-elle. En tout cas les deux musiciens puisent à la même source, les poèmes éponymes de Pierre Louÿs. On doit à Marianne Croux et à Anne Bertin-Hugault de révéler cette œuvre de Strohl et de nous faire toucher du doigt une fascinante coïncidence.
Ce CD est la captation des concerts donnés en octobre 2021 à la Philharmonie de Berlin par John Williams dirigeant ses propres œuvres à la tête des Berliner Philharmoniker, « perhaps the greatest orchestra », ainsi qu'il le proclame devant un auditoire conquis. Événement historique aussi, dès lors que le compositeur chef d'orchestre multi oscarisé indiquait venir pour la première fois dans la capitale allemande et devant cette phalange. Une poignée de ses musiques de film vont émailler le concert, outre une œuvre concertante pour violoncelle jouée par le celliste principal Bruno Delepelaire. Une bouffée de tunes généreux salués par un public plus qu'enthousiaste.
Cet album met en lumière quelques membres d'une grande dynastie de musiciens violonistes et compositeurs, les Francœur, dont l'activité couvre plus de 120 ans, des premières heures du XVIIème jusqu'à l'orée du XIXème. Et singulièrement les deux frères Louis et François Francœur. Mais aussi le neveu Louis-Joseph. L'occasion d'une poignée de sonates et pièces pour violon et basse continue jouées par Théotime Langlois de Swarte et Justin Taylor, deux immenses musiciens défenseurs du baroque dans ce qu'il a de plus secret. Un indispensable festin de sonorités !
Dans le cadre de l'intégrale du Ring dirigé par Georg Solti, La Walkyrie sera le dernier titre enregistré, en 1965, et publié l'année suivante. Rêve de trouver la distribution idéale ? On avait pensé les choses en grand. En réunissant un cast qui frôlait l'idéal pour l'époque et peut-être pour longtemps. En tout cas passé à la postérité comme une référence : Nilsson, Crespin, Ludwig, au sommet de leur art, et Hotter en Wotan, le plus illustre tenant du rôle, bien qu'à l'automne de sa carrière. Ce paramètre artistique éblouissant devait s'accompagner d'un volet technique d'exception. Sous la houlette du producteur John Culshaw et de ses ingénieurs du son avisés, on se dotait des dernières conquêtes d'enregistrement du label Decca. Cette réussite non pareille est enrichie par la nouvelle remastérisation.
Cent fois sur le métier... Le Ring de Wagner signé Georg Solti chez Decca renoue avec l'actualité. Prodige de la technique, une nouvelle remastérisation voit le jour pour le 25ème anniversaire de la disparition du grand chef hongrois. Elle s'inscrit dans une actualité wagnérienne toujours aussi intense car aussi bien cette Œuvre monde est donnée avec une permanence qui ne se dément pas. À la scène, les productions ne se comptent plus, dont bien des légendaires (Wieland Wagner, Patrice Chéreau à Bayreuth, Karajan à Salzburg). Coïncidence, la Tétralogie connaît actuellement plusieurs nouvelles propositions, notamment à Berlin avec Dmitri Tcherniakov (hélas sans Barenboim !). Au disque, les intégrales n'ont pas non plus manqué. Que ce soient les versions contemporaines de celle de Solti (von Karajan, Böhm) ou successeures (Haitink, Janowski). Ou celles d'archives de radio, dont des captations de Bayreuth. Mais l'intégrale de Georg Solti possède quelque chose d'unique. D'abord le privilège d'avoir été la première enregistrée en studio, au temps lointain du vinyle, dans des conditions particulièrement étudiées de prise de son visant à recréer une vraie dramaturgie pour l'écoute domestique. Et bien sûr le génie de réunir une distribution éblouissante, savoir les plus grandes pointures du chant wagnérien, autour d'un orchestre prestigieux, combien phonogénique, les Wiener Philharmoniker. Ce Ring est depuis des lustres entré dans la légende du disque. Les présents nouveaux transferts HD l'y maintiennent à un degré sonore plus ''fidèle'' que jamais.
Cet album propose une facette moins connue de Gabriel Fauré, celle du compositeur de musiques de scène. Son autre originalité est de les présenter dans leurs versions originales pour orchestre de chambre et d'offrir un inédit, Le voile du bonheur. L'exécution de l'Ensemble Musica Nigella leur apporte une vie nouvelle.
Comme naguère Cecilia Bartoli pour Maria Malibran, la cantatrice Marina Viotti rend hommage à une autre grande figure du chant du XIXème, Pauline Viardot. Une personnalité hors du commun qui durant près de quarante ans enchanta le Paris lyrique. Dans une sélection d'airs d'opéras emblématiques de son répertoire, Christophe Rousset avec ses Talens Lyriques apporte toute son expertise à un univers qu'il entend privilégier désormais aux côtés du baroque.
C'est à une passionnante découverte que nous convie le label anglais Hyperíon, celle de la production chambriste de Ferdinand Ries. Connu pour être l'un des deux seuls élèves de Beethoven et son premier biographe, Ries a pâti d'un tel voisinage quant à ses qualités de compositeur. Ajoutées à celles d'excellent pianiste, elles méritent d'être mises dans la lumière. Ce que fait magistralement The Nash Ensemble dans les quatre œuvres jouées ici.