Peut-on imaginer voix plus somptueuses de ténor et de baryton pour l'opéra italien que celles de Jonas Kaufmann et de Ludovic Tézier ! Surfant sur plusieurs œuvres qui les ont déjà réunis à la scène, ils nous proposent un florilège de duos empruntés à Verdi, Puccini et Ponchielli. Des moments de pur frisson vocal, transcendés par la direction incandescente du chef Antonio Pappano.
Pour son nouveau récital, la soprano star Anna Netrebko joue l'éclectisme en alignant une dizaine de personnages, empruntés à sept compositeurs qu'elle chante dans quatre langues. Elle créé la surprise avec une tétralogie de figures du répertoire allemand, une première dans son catalogue de disques solos. Nul doute que l'évolution considérable actuelle de sa voix et les moyens techniques phénoménaux qui sont les siens lui permettent d'en endosser le challenge. Mais au-delà de son formidable achèvement, cette collection laisse perplexe eu égard à son schéma même : un assemblage disparate de rôles dont on peut penser que certains ne seront pas abordés à la scène, nonobstant l'aura prestigieuse de la direction d'orchestre de Riccardo Chailly.
Cette réédition rappelle combien cette version duNabuccode Verdi compte parmi les plus accomplies du catalogue, datant de la grande époque où fleurissaient les intégrales d'opéras. Elle réunit plusieurs voix du roster du label DG des années 1980, à commencer par l'immense Piero Cappuccilli, entouré de quelques chanteurs d'Europe centrale, et est dirigée avec fougue par Giuseppe Sinopoli.
- ''Cellopera''
- Transcriptions pour violoncelle d'airs d'opéra de Mozart (Don Giovanni, Die Zauberflöte), Bellini (I Capuleti e i Montecchi), Rossini (Guillaume Tell), Donizetti (L'elisir d'amore), Verdi (Rigoletto, Un Ballo in maschera, Don Carlos), Puccini (Tosca, Madama Butterfly), Wagner (Tannhäuser), Tchaïkovski (Eugène Onéguine, La Dame de Pique), Offenbach (Les Contes d'Hoffmann, La Périchole)
- Ophélie Gaillard, violoncelle
- Morphing Chamber Orchestra, dir. Frédéric Chaslin
- 1 CD Aparté : AP 248 (Distribution : [PIAS])
- Durée du CD : 75 min
- Note technique :




(4/5)
Pour audacieux que ce soit, il n'est sans doute pas si improbable de construire un programme d'airs d'opéra qui voit la partie vocale transposée au violoncelle, conduisant celui-ci à se faire tour à tour soprano, ténor ou baryton. Le violoncelle n'est-il pas l'instrument le plus proche de la voix humaine. Ophélie Gaillard réalise un rêve mûri de longue date, se souvenant aussi des moments bénis où elle a accompagné telle ou telle star de la scène lyrique. De Mozart à Verdi, de Bellini à Tchaïkovski, ou chez Offenbach, ce florilège ne pourra que ravir l'oreille du lyricomane apte à se remémorer quelques morceaux de choix en fredonnant les paroles.
- Giuseppe Verdi : Airs et scènes pour baryton extraits de La forza del destino (Carlo di Vargas), Don Carlos (Rodrigue) et Don Carlo (Rodrigo), Ernani (Carlo), Falstaff (Ford), Il Trovatore (Conte de Luna), La Traviata (Giorgio Germont), Macbeth, Otello (Iago), Rigoletto, Un Ballo in maschera (Renato)
- Ludovic Tézier, baryton
- Orchestra del Teatro communale di Bologna, dir. Frédéric Chaslin
- 1 CD Sony : 19439753632 (Distribution : Sony Music Entertainment)
- Durée du CD : 81 min 50 s
- Note technique :




(5/5)
Renouant avec une tradition réservée ces temps aux seules stars sopranos et ténors ténorissimes, la pratique du disque récital d'airs d'opéras en vient à s'intéresser au glorieux baryton, le primo baritono. On attendait celui de Ludovic Tézier et on est comblé. Pour son premier album, il se devait de chanter Verdi, le compositeur qui a déterminé son parcours de chanteur. Plus qu'une succession de morceaux de choix, ces quelques airs et scènes sont un concentré de dramaturgie verdienne. Incarné par une des plus somptueuses voix du moment, dans sa glorieuse maturité. Voilà une étourdissante leçon de chant et une somme interprétative d'une rare pertinence.
- Giuseppe Verdi : Otello. Drame lyrique en quatre actes. Livret d’Arrigo Boito d'après la tragédie de William Shakespeare
- Jonas Kaufmann (Otello), Federica Lombardi (Desdemona), CarlosÁlvarez (Iago), Liparit Avetisyan (Cassio), Carlo Bosi (Roderigo), Riccardo Fossi (Lodovico), Virginie Verrez (Emilia), Fabrizio Beggi (Montano), Gian Paolo Fiocchi (Un araldo)
- Orchestra e Coro dell'Accademia Nazionale di Santa Cecilia, dir. Antonio Pappano
- 2 CDs Sony : 19439707932 (Distribution : Sony Music Entertainment)
- Durée des CDs : 65 min 46 s + 69 min 07 s
- Note technique :




(5/5)
Cette nouvelle version de l'Otello de Verdi voit la première interprétation au disque du rôle titre par Jonas Kaufmann et une intéressante prise de rôle dans celui de Desdemona. Cette exécution est aussi la première à être enregistrée à Rome, en studio, depuis celle effectuée dans les années 1960 par l'équipe légendaire Vickers, Rysanek, Gobbi, Serafin. De la bonne compagnie, devant laquelle la présente ne pâlit pas. Car voilà une interprétation possédant les plus sérieux atouts musicaux et dramatiques.
Chaque vendredi, durant le confinement, la rubrique CD s’ouvrira à des disques déjà parus que la revue considère comme indispensables pour leur qualité musicale et technique.
- Giuseppe Verdi : Aïda. Opéra en quatre actes. Livret de Antonio Ghislanzoni d'après une nouvelle d'Auguste Mariette, adaptée par Camille Du Locle
- Anja Harteros (Aïda), Jonas Kaufmann (Radamès), Ekaterina Semenchuk (Amnéris), Ludovic Tézier (Amonastro), Erwin Schrott (Ramphis), Marco Spotti (Il Re), Paolo Fanale (Messagero), Eleonora Burato (Sacerdotessa)
- Banda musicale della Polizia di Stato
- Orchestra e Coro dell'Accademia Nazionale di Santa Cecilia, dir. Antonio Pappano
- 3 CDs Warner Classics : 0825646106639 (Distribution : Warner Classics)
- Durée des CDs : 39 min 56 s + 40 min 41 s + 64 min 59 s
- Parution : novembre 2015
- Note technique :




(5/5)
Précédée, lors de sa sortie, d'une publicité avantageuse, cette nouvelle version discographique d'Aïda tient ses promesses. On a pris un soin méticuleux à sa préparation : cast assemblé avec doigté, choisi parmi les voix les plus en vue du moment, chef charismatique dans le domaine lyrique, technique d'enregistrement studio particulièrement étudiée. En un mot, une version moderne qui tient haut la main le choc de la comparaison avec celles, enviables, ayant jalonné une riche histoire discographique.
- Giuseppe Verdi : Requiem
- Teodora Gheorghiu, soprano
- Valentine Lemercier, mezzo-soprano
- Florian Laconi, ténor
- Jérôme Varnier, basse
- Orchestre National de Metz
- Scott Yoo, direction
- Chœur de l’Orchestre de Paris,
- Lionel Sow, chef de chœur
- Cathédrale Saint-Louis des Invalides
- Vendredi 4 octobre 2019, à 20 h
saisonmusicale.musee-armee.fr
www.musee-armee.fr
Avec le Requiem de Verdi à la Cathédrale Saint-Louis des Invalides, retour à l’émotion et aussi à la fureur qui se déchaîne dans le Dies irae.
Giuseppe Verdi : Attila. drame lyrique en un prologue et trois actes. Livret de Temistocle Solera et Francesco Maria Piave.
Dmitri Oulianov (Attila), Tatiana Serjan (Odabella), Massimo Giordano (Foresto), Alexeï Markov (Ezio), Grégoire Mour (Uldino)
Orchestre et Chœurs de l'Opéra de Lyon, dir. Daniele Rustioni
Auditorium de Lyon, 18 mars 2018
Autre volet du Festival Verdi organisé par l'Opéra de Lyon, Attila était donné en version de concert à l'Auditorium. Une distribution de haut vol et la direction ardente de Daniel Rustioni en ont fait un moment fastueux.
Giuseppe Verdi : Don Carlos. Opéra en cinq actes. Livret de Joseph Méry & Camille Du Locle d'après Friedrich von Schiller. Version parisienne en cinq actes de 1867
Michele Pertusi (Philippe II), Sergey Romanovsky (Don Carlos), Stéphane Degout (Marquis de Posa), Roberto Scandiuzzi (Le Grand Inquisiteur), Patrick Bolleire (Un Moine), Sally Matthews (Elisabeth de Valois), Ève-Maud Hubeaux (La Princesse Eboli), Jeanne Mendoche (Thibault, page d'Elisabeth), Caroline Jestaedt (Une voix d'en haut), Yannick Berne (Le Comte de Lerme), Didier Roussel (un Héraut royal), Dominique Beneforti, Charles Saillofest, Antoine Saint-Espes, Paolo Stupenengo, Denis Boirayon, Thibault Gerentet (Députés flamands)
Orchestre, Chœurs et Studio de l'Opéra de Lyon, dir. Daniele Rustioni
Mise en scène : Christophe Honoré
Opéra de Lyon, le 17 mars 2018. Et jusqu'au 6 avril 2018 https://www.opera-lyon.com
Donner la version française de Don Carlos dans une quasi intégralité, sur les pas de la production remarquée de l'Opéra de Paris en début de saison, tenait de la gageure. La comparaison ne tourne nullement au désavantage de la capitale des Gaules. Car voilà bien une représentation passionnante comme on en rêve ! Qui se paie le luxe même de restaurer le ballet de la reine « La Peregrina » et toute la substance de plusieurs duos raccourcis ou coupés par Verdi lors des remaniements successifs de l'œuvre. Cette production sacre le talent hors pair d'un jeune chef, Daniele Rustioni, chef permanent de l'Opéra de Lyon.