Voici le troisième volet du Ring enregistré par Sir Georg Solti pour Decca, dans sa remastérisation de 2022. En fait, ce fut le second album à être enregistré (1962) pour une publication l'année suivante, alors attendu impatiemment puisqu'il poursuivait l'aventure de l'édition au disque de la première Tétralogie, débutée en 1958 avec Das Rheingold. On se souvient avec émotion de l'impact de ce coffret de disques vinyles qui alignait la fine fleur du chant wagnérien de l'époque, des vétérans mais irremplaçables Windgassen, Hotter ou Neidlinger, à la jeune garde et combien prometteuse d'alors, Nilsson, Stolze ou Sutherland. Ce nouveau transfert bénéficiant des dernières avancées techniques, déjà évoquées dans les récentes rééditions de L'Or du Rhin et de La Walkyrie, permet de jeter un regard sinon neuf du moins combien attendri sur une fameuse interprétation.

Autre témoignage de l'art du chef Bernard Haitink, le concert donné le 30 août 2019 dans le Grosses Festspielhaus de Salzbourg restera mémorable. Pas seulement parce qu'il devait marquer ses adieux à un Festival auquel il aura tant donné au concert et à l'opéra (UneFlûte enchantéeen 1993). Mais tout simplement parce que, ce jour-là, dirigeant les Wiener Philharmoniker, les planètes étaient alignées pour des exécutions d'anthologie. Beethoven, et cette fois Bruckner, étaient au programme. Un autre émouvant témoignage de son art.

Dans le cadre de l'intégrale duRing dirigé par Georg Solti,La Walkyriesera le dernier titre enregistré, en 1965, et publié l'année suivante. Rêve de trouver la distribution idéale ? On avait pensé les choses en grand. En réunissant un cast qui frôlait l'idéal pour l'époque et peut-être pour longtemps. En tout cas passé à la postérité comme une référence : Nilsson, Crespin, Ludwig, au sommet de leur art, et Hotter en Wotan, le plus illustre tenant du rôle, bien qu'à l'automne de sa carrière. Ce paramètre artistique éblouissant devait s'accompagner d'un volet technique d'exception. Sous la houlette du producteur John Culshaw et de ses ingénieurs du son avisés, on se dotait des dernières conquêtes d'enregistrement du label Decca. Cette réussite non pareille est enrichie par la nouvelle remastérisation.
Cent fois sur le métier... Le Ring de Wagner signé Georg Solti chez Decca renoue avec l'actualité. Prodige de la technique, une nouvelle remastérisation voit le jour pour le 25ème anniversaire de la disparition du grand chef hongrois. Elle s'inscrit dans une actualité wagnérienne toujours aussi intense car aussi bien cette Œuvre monde est donnée avec une permanence qui ne se dément pas. À la scène, les productions ne se comptent plus, dont bien des légendaires (Wieland Wagner, Patrice Chéreau à Bayreuth, Karajan à Salzburg). Coïncidence, la Tétralogieconnaît actuellement plusieurs nouvelles propositions, notamment à Berlin avec Dmitri Tcherniakov (hélas sans Barenboim !). Au disque, les intégrales n'ont pas non plus manqué. Que ce soient les versions contemporaines de celle de Solti (von Karajan, Böhm) ou successeures (Haitink, Janowski). Ou celles d'archives de radio, dont des captations de Bayreuth. Mais l'intégrale de Georg Solti possède quelque chose d'unique. D'abord le privilège d'avoir été la première enregistrée en studio, au temps lointain du vinyle, dans des conditions particulièrement étudiées de prise de son visant à recréer une vraie dramaturgie pour l'écoute domestique. Et bien sûr le génie de réunir une distribution éblouissante, savoir les plus grandes pointures du chant wagnérien, autour d'un orchestre prestigieux, combien phonogénique, les Wiener Philharmoniker. Ce Ringest depuis des lustres entré dans la légende du disque. Les présents nouveaux transferts HD l'y maintiennent à un degré sonore plus ''fidèle'' que jamais.
Voici la captation de l'Elektra de Richard Strauss dans la production donnée au Festival de Salzbourg à l'été 2020, un des rares opéras présentés en raison de la crise sanitaire. Et une réalisation en tous points exceptionnelle d'une œuvre réputée difficile à représenter. C'est que la mise en scène en décortique la trame au plus profond et qu'a été réunie une distribution exemplaire dirigée par un des meilleurs chefs straussiens du moment. Le DVD porte haut la force inouïe de ce spectacle, autre grande réussite du festival autrichien. Indispensable.
- Jacques Offenbach : Orphée aux enfers. Opéra-bouffon en deux actes et quatre tableaux (version mixte 1858/1874). Livret d'Hector Crémieux & Ludovic Halévy
- Anne Sofie von Otter (L'Opinion publique), Kathryn Lewek (Eurydice), Joel Prieto (Orphée), Marcel Beekman (Aristée/Pluton), Martin Winkler (Jupiter), Léa Desandre (Vénus), Nadine Weissmann (Cupidon), Frances Pappas (Junon), Rafal Pawnuk (Mars), Vasilia Berzhanskaya (Diane), Peter Renz (Mercure)
- Max Hopp (John Styx)
- Vocalconsort Berlin, David Cavelius, chef de chœurs
- Wiener Philharmoniker, dir. Enrique Mazzola
- Mise en scène : Barrie Kosky
- Décors : Rufus Didwiszus
- Costumes : Victoria Behr
- Lumières : Franck Evin
- Chorégraphie : Otto Pichler,
- Dramaturgie : Susanna Goldberg
- Production du Salzburger Festspiele 2019, enregistré live à la Haus für Mozart, août 2019
- Video Director : Michael Beyer
- 1 DVD Unitel Edition : 803008 (Distribution : Distrart Distribution)
- Durée du DVD : 140 min
- Note technique :




(4/5)
Voici la captation live de l'iconoclaste production d'Orphée aux enfers donnée au Festival de Salzbourg à l'été 2019. En ces temps de disette, un tel étalage de luxe fait presque figure d'ovni. C'est que la régie de Barrie Kosky voit grand et ose le maximum, mettant dans sa poche un public ravi de pouvoir s'amuser tant. Peut-être aux dépens du pauvre Opéra-Bouffon d'Offenbach, dont le film révèle souvent crûment combien il est malmené jusqu'à l'excès.
- Richard Strauss : Salomé. Drame musical en un acte. Libretto d'après le drame éponyme d'Oscar Wilde dans une traduction en allemand de Hedwig Lachmann
- Asmik Grigorian (Salomé), Anna Maria Chiuri (Herodias), Gábor Bretz (Jochanaan), Julian Prégardien (Narraboth), John Daszak (Herodes), Avery Amereau (Un page d’Herodias)
- Matthäus Schmidlechner (Premier juif), Mathias Frey (Second juif), Patrick Vogel (Troisième juif), Jörg Schneider (Quatrième juif), David Steffens (Cinquième juif), Tilman Rönnebeck (Premier Nazaréen), Pawel Trojak (Deuxième Nazaréen), Henning von Schulman (Premier soldat), Dashon Burton (Deuxième soldat), Neven Crniċ (Un Cappadocéen)
- Wiener Philharmoniker, dir. Franz Welser-Möst
- Mise en scène, décors, costumes et lumières : Romeo Castellucci
- Collaboration artistique : Silvia Costa
- Conseiller dramatique : Piersandra Di Matteo
- Production du Salzburger Festspiele 2018, enregistré live à la Felsenreitschule en juillet 2018
- Video Director : Henning Kasten
- 1 DVD Unitel Edition : 801608 (Distribution : Distrart Distribution)
- Durée du DVD : 112 min
- Note technique :




(5/5)
Ce DVD est la captation live de la production de Salomé donnée au Festival de Salzbourg 2018 dans la mise en scène de Romeo Castellucci et dirigée par Franz Welser-Möst. Il capture le formidable impact dramatique d'un spectacle qui fit date dans l'histoire du festival autrichien et dontnous avons rendu compte élogieusement ici. Il révèle aussi des détails qui méritent d'être soulignés, complétant la première analyse. Voici une version indispensable pour qui veut approfondir la signification d'une œuvre essentielle du répertoire lyrique du XXème siècle.
La rubrique CD s’ouvre chaque vendredi à des disques déjà parus que la revue considère comme indispensables pour leur qualité musicale et technique.
- ''Neujahrskonzert 2016''
- Valses, polkas, marches, galops, Ouvertures et autres pièces de Robert Stolz, Johann Strauss II, Carl Michael Ziehrer, Eduard Strauss, Josef Strauss, Émile Waldteuf, Josef Hellmesberger I, Johann Strauss I
- Wiener Sängerknaben
- Wiener Philharmoniker, dir. Mariss Jansons
- 2 CDs Sony Classical : 8875174772 (Distribution : Sony Music Entertainment)
- Durée des CDs : 2 h 15
- Parution : Janvier 2016
- Note Technique :




(5/5)
Le Neujarkonzertde Vienne est une institution. Immuable dit-on. Voire. Le chef change à chaque édition, choisi par les musiciens. Cette année 2016, et pour la troisième fois, Mariss Jansons est à la manœuvre. Une fine baguette et des interprétations sur le versant sérieux. Mais cette musique viennoise dite légère n'est sans doute pas aussi insouciante qu'on le croit. Si le sourire est là, au tournant d'une phrase ou d'un moulinet de violons, une certaine mélancolie peut aussi se glisser au fil de ces valses, polkas, galops et autres ouvertures.